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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

Il ne faut pas en déduire que le dialecticien a besoin, pour agir, d’une<br />

connaissance analytique de la forme syllogistique 804 dont il se sert. Une connaissance<br />

aussi approfondie serait disproportionnée à sa fin, puisqu’il se satisfait<br />

d’engendrer l’opinion. Elle intéresse plutôt celui qui, par la démonstration,<br />

vise à une connaissance scientifique. Au dialecticien, il suffit de<br />

comprendre certaines exigences essentiel<strong>les</strong> du raisonnement ; aussi n’y a-t-il<br />

pas à s’étonner de la relative brièveté et de l’imprécision <strong>des</strong> <strong>Topiques</strong> sur ce<br />

sujet. Aristote explique d’ailleurs que la méthode a bien assez d’une<br />

présentation › ˜ <strong>des</strong> syllogismes et de leurs espèces 805. Deux raisons me<br />

poussent ici à regarder de plus près la théorie du syllogisme dialectique.<br />

ment conduit vers <strong>des</strong> notions plus universel<strong>les</strong>. Même là, Aristote distinguera par la matière<br />

de leurs prémisses ceux d’entre eux qui procéderont ı et ceux qui procéderont<br />

Ú ˘. Cette homonymie dans l’usage de Ù est tellement<br />

patente et permanente qu’on ne se rendrait pas service en limitant arbitrairement<br />

l’équivalent français de Ù à un sens encore plus précis, celui du raisonnement<br />

par excellence, la démonstration, ou à celui de la voie rationnelle par excellence, la déduction,<br />

comme le fait Brunschwig, en variant sur le thème (argument déductif, 105a22 ; argumentation<br />

déductive, 104b13 ; déduction, 100a22, passim ; raisonnement déductif, 100a21,<br />

passim). Dans le même ordre d’idées, il est abusif, en refusant d’user du mot syllogisme, de<br />

donner comme raison que « le mot syllogisme a reçu, de la doctrine exposée dans <strong>les</strong><br />

Premiers Analytiques, un sens technique incompatible avec l’emploi qui est fait du mot<br />

Ù dans <strong>les</strong> <strong>Topiques</strong> » (Brunschwig, 113), affirmation d’autant plus étonnante<br />

qu’Aristote reprend dans ses Premiers Analytiques exactement la même définition qu’il<br />

donne du Ù en ses <strong>Topiques</strong>. D’ailleurs, si on est conscient que l’homonymie<br />

du Ù s’étend à tout raisonnement, même faible, même apparent, il n’y a pas de<br />

scrupule à se faire d’appeler la division un syllogisme (ou un raisonnement, pour prendre la<br />

traduction que j’adopte), comme Aristote le fait en Top., I, 8 et en Prem. Anal., I, 33.<br />

Toutefois, je garde pour Û la traduction courante paralogiser.<br />

804Malgré le souci de rigueur qui me porte à associer exclusivement raisonnement à<br />

Ù en matière de traduction (voir la note précédente), je ne ferai pas de<br />

difficulté, hors ce contexte précis, de parler indifféremment de raisonnement, de syllogisme<br />

ou d’argument, synonymes exacts dont l’unique différence tient à l’aspect précis à partir de<br />

quoi ils nomment avec la même homonymie le même mouvement rationnel : respectivement<br />

le fait qu’il procède de la raison, qu’il met un arrangement entre <strong>des</strong> connaissances<br />

antérieures et qu’il éclaire (argument vient de arguo dont le sens original est d’éclairer, de<br />

faire briller comme l’argent). Pour la clarté de l’exposé, néanmoins, je préférerai syllogisme<br />

quand il s’agira de nommer le mouvement rationnel dans ce qu’en conçoit ou dit<br />

Aristote.<br />

805Voir Top., I, 1, 101a16-25.<br />

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