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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

réticence. Aussi Aristote est-il amené à nommer et à définir pour ainsi dire<br />

opérationnellement, par cet effet naturel, le principe du dialecticien. Sans<br />

doute, la raison ne tirera pas d’un tel principe une connaissance scientifique,<br />

définitive, mais, en se dégageant grâce à lui de l’ignorance totale, elle se<br />

disposera à y accéder ultérieurement. Elle obtiendra à tout le moins une<br />

opinion assez ferme pour la plupart <strong>des</strong> circonstances de la vie humaine.<br />

C. L’universalité de la matière endoxale<br />

1. Le dialecticien regarde non pas <strong>les</strong> choses, mais <strong>les</strong> œuvres de la raison<br />

Ce qui caractérise le plus radicalement, chez Aristote, l’opposition entre<br />

science et dialectique tient à ceci : le scientifique regarde <strong>les</strong> choses<br />

réel<strong>les</strong>, le dialecticien regarde <strong>les</strong> œuvres de la raison 154. Le savant<br />

voit telle propriété réelle s’attacher à une chose du fait que la nature véritable<br />

de cette chose le rend nécessaire. Le dialecticien admet tel attribut à la représentation<br />

d’un sujet, parce que cet attribut ne répugne pas à d’autres notions<br />

déjà admises pour ce rôle. Le dialecticien n’a pas de prise directe sur <strong>les</strong><br />

choses, il n’a aucune évidence sur el<strong>les</strong>. C’est ce qu’on est amené à admettre<br />

dès qu’on s’approche un peu de comprendre la conception <strong>aristotélicienne</strong> de<br />

la dialectique. Il est intéressant de remarquer comment cependant <strong>des</strong> auteurs<br />

qui prennent conscience de cette coupure, de cette abstraction du dialecticien<br />

par rapport à la réalité n’y voient spontanément qu’un mal. On peut citer ici<br />

Aubenque, qui décrit bien la situation, mais ne peut s’empêcher d’en parler<br />

péjorativement, comme s’il allait de soi que raisonner sans prendre immédiatement<br />

appui dans la réalité est une faute qui empêche tout progrès rationnel :<br />

sant de rechercher si, jusqu’à quel point et dans quel milieu elle a cours. » (Brunschwig,<br />

xxxv)<br />

154« <strong>La</strong> dialectique a pour objets formels <strong>les</strong> discours sur <strong>les</strong> choses, et non ces choses<br />

el<strong>les</strong>-mêmes. » (Brunschwig, l) — Le seul fait de ne pas avoir de prise directe sur <strong>les</strong><br />

choses, de <strong>les</strong> prendre avec le gant de la raison rend <strong>les</strong> énoncés <strong>les</strong> plus précis communs :<br />

d’où cette difficulté de savoir si on sait de science ou non, cette possibilité de passer <br />

au propre (voir Rhét., I, 2, 1358a24).<br />

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