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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

dialecticiens. Comment cela serait-il, si la réfutation n’était pas déjà<br />

l’instrument de prédilection du dialecticien ?<br />

On a souvent mal compris et apprécié ce rôle prééminent de la réfutation<br />

en dialectique, comme l’intention <strong>des</strong>tructrice qui l’anime. En jouant sur plusieurs<br />

équivoques, on a été porté à nier que le dialecticien aboutisse à quoi<br />

que ce soit d’autre qu’à… ignorer consciemment. Plusieurs confusions sont<br />

requises pour en arriver là. Il faut, fasciné par le fait attesté que le dialecticien<br />

conclut généralement la négative, confondre l’acte de renverser une position<br />

avec celui de conclure négativement 421. Il faut encore, subjugué par le caractère<br />

non intrinsèque, non démonstratif <strong>des</strong> prémisses endoxa<strong>les</strong>, confondre ce<br />

qui est simplement endoxal avec ce qui est ignoré absolument 422. Il faut<br />

même, comme centré sur le fait que la réfutation est une forme<br />

d’argumentation qui a pour objet de conclure la contradictoire d’une position,<br />

imaginer qu’elle ne peut porter que sur la forme de la position préalable, et<br />

aucunement sur sa matière. Sans doute, on a beaucoup insisté là-<strong>des</strong>sus, la<br />

matière dialectique n’est pas prochainement enracinée dans l’évidence <strong>des</strong><br />

choses réel<strong>les</strong> ; mais elle n’est pas totalement déracinée de la réalité :<br />

l’autorité du commun et <strong>des</strong> sages fait quand même un certain poids. Assez<br />

pour que la réfutation dialectique dispose de prémisses probab<strong>les</strong>, légitimement<br />

recevab<strong>les</strong>, et qu’elle conclue avec assez de fermeté pour rendre l’opposée<br />

de sa conclusion paradoxale, irrecevable, sinon évidemment et définitivement<br />

fausse. L’énoncé par lequel se conclut une réfutation dialectique, fût-il<br />

négatif, constitue donc un apport cognitif positif, non pas scientifique et<br />

421Ainsi : « <strong>La</strong> dialectique proprement dite est la critique, ou peirastique… <strong>La</strong> critique est<br />

une opération simplement négative, incapable de donner lieu à une quelconque acquisition<br />

positive. » (Berti, 66)<br />

422Ainsi : « Le dialogue a pour lui (Socrate) une fonction peirastique, c’est-à-dire de mise<br />

à l’épreuve ; en ce sens il est l’instrument d’un progrès qui, par une contrepartie que Socrate<br />

juge inévitable, ne peut s’exercer que dans le sens de la négation : le dialogue nous libère,<br />

comme on libère une statue de sa gangue, de nos opinions fausses et, a fortiori, de nos prétendus<br />

savoirs ; mais il est par lui-même incapable de leur en substituer aucun. Il est l’instrument,<br />

non du savoir, mais du “savoir du non-savoir”. » (Aubenque, <strong>La</strong> <strong>Dialectique</strong> chez<br />

Aristote, 12 ; c’est moi qui souligne)<br />

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