La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La dialectique aristotélicienne
même, d’une multiplicité impressionnante d’arguments. Indiquant les exigences
auxquelles leurs prémisses devront satisfaire, il donne le signalement
auquel reconnaître, parmi tous les endoxes, ceux dont s’infère la destruction
de la position initiale. C’est cette fonction de guide dans la sélection des prémisses
constituables en arguments qu’appréciera la méthode dialectique. Cela
ne doit pas faire oublier que, absolument parlant, cette fonction vient en second
et dépend de la fonction première du lieu, qui est de fonder l’argument
en forme. De Pater, qui affirme aussi que « le lieu est une formule de recherche
et de preuve à la fois » 902, exprime bien ce rapport entre les deux
fonctions :
Il nous semble que le caractère le plus fondamental, le plus central du lieu
est son caractère probatif. C’est lui, en effet, qui est la raison pour laquelle sa
fonction de recherche s’exerce dans telle ou telle direction. 903
C. Les noms du lieu
En faisant maintenant porter la réflexion sur les noms imposés au lieu,
on trouvera à la fois une aide et une confirmation pour mieux en fixer la
conception proposée. Aristote appelle indifféremment le lieu ı et -
. « Ù Ï ÃÙ Ô Ú ı. » 904 Quelle analogie,
précisément, rend opportun le nom de ı, lieu, aux yeux d’Aristote
même ? Et comment réconcilier dans la même réalité des concepts aussi
opposés que lieu et élément ? 905
1. Le mot ı
Quel motif a pu justifier le choix du mot ı, lieu ? On a cherché de
tout temps à voir à la base une analogie avec le lieu physique, que désigne
ı en son premier sens. Balançant entre simple image et analogie profonde,
on a fait valoir que les arguments se trouvent en leurs lieux comme les
choses naturelles en le leur. Que les choses naturelles deviennent davantage
902De Pater, Les Topiques…, 117.
903Ibid., 116.
904Rhét., II, 26, 1403a16 : « C’est la même chose que j’appelle élément et lieu. »
905J’ai déjà présenté cet examen dans un article antérieur consacré au lieu rhétorique.
Voir Lieux et arguments oratoires, 55-60.
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