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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

En effet, Aristote assigne à l’art une triple fonction. Dans ses deux premières,<br />

l’art double la chance et la coutume, car, ainsi qu’on l’a dit, chacun de<br />

ces trois <strong>principes</strong> d’action permet d’exercer la puissance dont on est doué de<br />

disposer une certaine matière contingente de façon à constituer une certaine<br />

œuvre. Mais la troisième 230 est propre à l’art et lui fournit le guide par quoi il<br />

se distingue de la chance et de la coutume.<br />

Tout art vise à la génération (Ô) de l’une de ces choses aptes tant à<br />

être qu’à ne pas être, et dont le principe réside dans l’agent, mais non en la<br />

chose produite, de même qu’à la fabriquer (Ì) et à considérer<br />

() comment cette œuvre pourrait être engendrée 231.<br />

Qu’est-ce donc que la dialectique, en définitive ? C’est une puissance<br />

éducable, une puissance qui peut s’adjoindre un art, une Ô, une Ô,<br />

laquelle s’appellera aussi dialectique 232. Car, c’est une puissance qui a en vue<br />

une œuvre bien déterminée : un raisonnement, un ı, qui relie un<br />

problème à <strong>des</strong> propositions tirées du fonds endoxal et cohérentes entre el<strong>les</strong>.<br />

Or, on peut fort bien se proposer d’exécuter méthodiquement cette œuvre.<br />

C’est justement en ces termes qu’Aristote décrit le propos de ses <strong>Topiques</strong> :<br />

230On la dit troisième ici parce qu’identifiée en dernier ; mais c’est en dépendance d’elle<br />

et pour autant qu’il l’a déjà posée, qu’un agent peut accomplir avec art <strong>les</strong> deux autres.<br />

231Éth. Nic., VI, 4, 1140a10-14. Voir s. Thomas, In VI Eth., 3, #1154-1155 : « À propos<br />

de la matière de l’art, il y a deux éléments à considérer ; ce sont l’action même de l’artisan<br />

dirigée par l’art et l’oeuvre produite par l’art. Or l’opération de l’art est triple. Une première<br />

consiste à considérer de quelle manière une chose doit être produite. Une seconde consiste à<br />

opérer sur la matière extérieure. Une troisième consiste enfin à constituer l’oeuvre. C’est<br />

pourquoi Aristote dit que tout art porte sur une génération, ou sur la constitution et<br />

l’achèvement d’une oeuvre, ce qu’il pose comme fin de l’art ; qu’il comporte aussi un<br />

aspect artificiel, c’est-à-dire une opération de l’art qui dispose la matière ; et qu’il porte<br />

encore sur le fait de spéculer de quelle manière une chose est produite par l’art. — Pour ce<br />

qui est de l’oeuvre même, il y a encore deux aspects à considérer. Dont l’un est que ce que<br />

l’art humain produit appartient à ce qui peut être et ne pas être. On le voit bien à ce que,<br />

lorsqu’il est produit, il commence justement à être. Le second aspect est que le principe de<br />

génération <strong>des</strong> oeuvres artificiel<strong>les</strong> réside dans le seul agent, comme quelque chose<br />

d’extrinsèque, et non pas dans l’oeuvre même, comme quelque chose qui lui serait<br />

intrinsèque. »<br />

232« <strong>La</strong> dialectique mérite d’être qualifiée de méthode. » (Berti, 32)<br />

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