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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

<strong>La</strong> rhétorique est tout simplement, pour Aristote, ce que devient la<br />

dialectique lorsque l’objet discuté est un singulier contingent, une action<br />

humaine singulière 221. C’est là chose si variable et circonstanciée qu’il est<br />

peu possible d’enraciner rigoureusement son examen en <strong>des</strong> <strong>principes</strong><br />

endoxaux, en <strong>des</strong> opinions proprement universel<strong>les</strong> et effectivement reçues de<br />

tous ou de la plupart. Si l’évidence sensible appropriée lui fait défaut,<br />

l’orateur ne peut recourir qu’à <strong>des</strong> règ<strong>les</strong> d’expérience, <strong>des</strong> constances, <strong>des</strong><br />

coutumes, que l’on s’attend sans doute à voir réalisées le plus souvent, mais<br />

qui souffrent facilement <strong>des</strong> exceptions. Devant une matière aussi ingrate<br />

rationnellement, l’orateur, s’il veut entraîner l’adhésion, doit recourir à <strong>des</strong><br />

facteurs émotifs et présenter sa position tant à la volonté et à l’appétit qu’à la<br />

raison. Son principe d’argumentation décline davantage encore de l’exigence<br />

rationnelle que l’endoxe du dialecticien. Aristote donne à ce principe de<br />

persuasion, qui recourt à l’appétit pour agir sur la raison, et qui fait aimer ce<br />

qu’il ne peut faire intelliger, un nom qui le différencie de l’endoxe du<br />

dialecticien : Ù ı, le croyable 222. L’ est l’idée admise de tous<br />

et, pour cela, admissible sans réticence, probable ; le ı est l’idée crue,<br />

la représentation que tous aiment de la réalité et en laquelle tous ont<br />

confiance, celle par conséquent à laquelle on s’attend que l’action va se<br />

conformer, et, pour cela, croyable facilement. <strong>La</strong> différence, donc, entre<br />

dialectique et rhétorique, se trouve du côté de la nature précise du principe<br />

qu’el<strong>les</strong> substituent à l’évidence propre. Cette différence pèse assez pour<br />

qu’on puisse parler, avec plus d’exactitude, de deux talents distincts. Mais en<br />

words, as the lyrist is the user of lyres (Cra. 390). He uses “bare words”, which Plato<br />

contrasts with geometry (Tht. 165A) ».<br />

221Ou un universel contingent, ou même un universel nécessaire, quand notre faib<strong>les</strong>se,<br />

au moins actuelle, nous empêche de profiter <strong>des</strong> prises rationnel<strong>les</strong> plus gran<strong>des</strong> que cet<br />

objet offre. <strong>La</strong> dialectique, spécialement proportionnée à la connaissance du contingent, qui<br />

reste à jamais impropre à la science, est néanmoins encore plus précieuse pour un premier<br />

accès au nécessaire, en compensation de notre incapacité d’accéder directement à la<br />

science ; de même la rhétorique, spécialement proportionnée à la représentation du singulier<br />

contingent, inapte même à la dialectique, est souvent précieuse aussi, pour un premier accès<br />

à l’universel, et même au nécessaire, vu nos dispositions malheureuses tant affectives<br />

qu’intellectuel<strong>les</strong>.<br />

222Voir Rhét., I, 2, 1355b 26 et 33.<br />

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