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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

juge utile de définir la nature de ces conceptions communes dont se nourrit le<br />

jugement du dialecticien. Ce sont <strong>les</strong> ı de la chose investiguée : ces<br />

conséquences, ces caractères qui s’attachent à elle de façon qu’on peut bien<br />

<strong>les</strong> connaître tout en ignorant la chose en question, mais jamais <strong>les</strong> ignorer et<br />

connaître cette chose.<br />

En effet, il est loisible, même à celui qui ne sait pas [de science] la chose, de<br />

mettre à l’épreuve celui qui sait 200 , à condition simplement que ce dernier<br />

concède non pas de ces <strong>principes</strong> qui permettraient de savoir [de science], ni<br />

<strong>des</strong> <strong>principes</strong> propres, mais de toutes ces conséquences tel<strong>les</strong> que, <strong>les</strong> sachant,<br />

rien n’empêche qu’on ne sache pas l’art, mais ne <strong>les</strong> sachant pas, on l’ignore<br />

nécessairement... Ce sont là <strong>les</strong> conceptions communes. 201<br />

Cette <strong>des</strong>cription convient fort bien à tout ce fond d’expérience logique<br />

qui constitue le dialecticien. Car il n’existe pas de science sans formation<br />

dans la raison de conceptions répondant à toutes <strong>les</strong> exigences de leur nature ;<br />

mais il peut fort bien se former et se brasser quantité de conceptions de la<br />

chose dans la raison sans garantie que la science de cette chose y soit<br />

proprement constituée. Cette conception a le mérite de montrer comment la<br />

dialectique est une démarche rationnelle plus facilement accessible à tous que<br />

la science. En effet, tous n’ont pas la perspicacité ou l’expérience requise<br />

pour pénétrer <strong>les</strong> causes propres de chaque réalité particulière. Mais tous ont<br />

une expérience interne, plus ou moins étendue et subtile, <strong>des</strong> exigences<br />

attachées aux conceptions de leur raison, et il est à la portée de tous de prêter<br />

attention à ce qui se dit le plus coutumièrement sur chaque réalité particulière.<br />

Tous peuvent donc s’essayer à l’examen d’un énoncé proposé, quoique avec<br />

plus ou moins d’adresse.<br />

Ces [notions communes 202], <strong>les</strong> ignorants 203 ne <strong>les</strong> connaissent pas moins,<br />

même si on s’attend à ce qu’ils parlent de manière trop extrinsèque 204. Ainsi<br />

200Contrairement à Ross, je préfère suivre <strong>les</strong> leçons qui omettent ici . Parler de<br />

« mettre à l’épreuve celui qui ne sait pas », c’est trop clairement commettre une pétition de<br />

principe ; car c’est juger, avant même de le mettre à l’épreuve, que celui qui prétend savoir<br />

ne sait pas effectivement.<br />

201Réf. soph., 11, 172a23-27.<br />

202Les affinités et répugnances logiques.<br />

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