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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

même qu’il est, ni ne procède d’un éclairage sur la nature véritable de l’être<br />

même. Sa liaison avec l’être est accidentelle : c’est d’accidents de l’être qu’il<br />

procède et ce sont <strong>des</strong> accidents de l’être qu’il entend examiner.<br />

Les accidents qui conviennent à l’être dans le fait même qu’il est être, et ses<br />

contrariétés en tant qu’être, il n’appartient pas à une autre science que la philosophie<br />

de <strong>les</strong> considérer. Pour la physique, en effet, ce n’est pas en tant qu’ils<br />

sont, mais plutôt en tant qu’ils participent au mouvement, qu’on pourrait lui<br />

assigner la considération <strong>des</strong> êtres. Quant à la dialectique..., elle s’occupe <strong>des</strong><br />

accidents qui conviennent aux êtres, mais non en tant même qu’ils sont ; elle<br />

ne s’intéresse pas à l’être dans le fait même qu’il est. 181<br />

Ainsi qu’on l’a dit plus haut 182, le dialecticien se différencie du philosophe<br />

et, plus largement, de tout ce qui est science à proprement parler, par le<br />

fait de ne pas regarder <strong>les</strong> choses el<strong>les</strong>-mêmes, de ne pas avoir de point d’observation<br />

direct de la réalité. Quelque chose qu’il voie, le dialecticien la voit<br />

dans un de ses accidents : cette chose est connue. Elle est connaissable.<br />

Comme telle, elle se prête à ce que la raison forme une multiplicité de conceptions<br />

à son propos — accidents, genres, propres, définitions, contraires,<br />

semblab<strong>les</strong> — et compose ces conceptions en <strong>des</strong> énoncés et <strong>des</strong> arguments ;<br />

elle exprime ainsi ce qu’elle connaît de cette chose et progresse vers sa<br />

connaissance de plus en plus adéquate et complète. Comme logicien, le<br />

dialecticien connaît <strong>les</strong> propriétés et exigences inévitab<strong>les</strong> de tous ces types<br />

de conceptions, et en respect de quel<strong>les</strong> affinités et répugnances s’exercent<br />

obligatoirement leur composition et division. Et de la chose même dont il<br />

parle, que sait-il au départ ? Tout simplement quel<strong>les</strong> conceptions —<br />

définitions, énoncés, arguments — ont occasionnées et plus ou moins rendues<br />

familières <strong>les</strong> efforts antérieurs de la connaître 183. C’est pour cela que le<br />

dialecticien a <strong>des</strong> vues aussi universel<strong>les</strong> que le philosophe. Car cette prise lui<br />

181Mét., , 3, 1061b4-10.<br />

182Voir supra, 46ss.<br />

183« [Le dialecticien] en action (utens) … ne regarde pas quelque genre de sujet nécessaire,<br />

mais toutes choses en <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> se présentent ces relations (intentiones) : genre, accident,<br />

propre, définition et même et divers, dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> réside la relation (habitudo) de<br />

moyen probable, qui permet d’inférer une conclusion en partant de conceptions probab<strong>les</strong>. »<br />

(S. Albert, In I Elench., tr. 5, c. 8)<br />

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