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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

<strong>des</strong> prémisses vraies, premières, nécessaires, propres. Ces exigences multip<strong>les</strong><br />

réduisent considérablement son champ d’action et de parole. Dès qu’on sort<br />

de ce qui est avéré, dès qu’il ne dispose pas sur le moment d’un principe<br />

absolument sûr, il devient muet, il est comme bâillonné. Ce n’est pas le cas du<br />

dialecticien. Comme celui-ci prend son appui dans l’expérience rationnelle,<br />

dans <strong>les</strong> conceptions déjà formées et devenues plus ou moins familières, la<br />

réalité ne le concerne pas directement et, par conséquent, il n’est pas tenu<br />

absolument à ne regarder que la vérité. Il est assez indépendant <strong>des</strong> choses<br />

pour être ouvert, au départ, aux deux parties d’une contradictoire. Il ne prend<br />

appui sur un énoncé qu’après l’avoir demandé, qu’après avoir obtenu l’assentiment<br />

commun à son sujet. Aussi se trouve-t-il plus libre pour formuler n’importe<br />

quel énoncé, quitte, ensuite, à le questionner pour le trouver ou endoxal,<br />

ou paradoxal, ou problématique. C’est pourquoi la dialectique est si naturellement<br />

et profondément investigatrice. C’est le besoin d’investiguer qui la fait<br />

naître ; la matière où elle s’exerce se prête à investigation indéfiniment ; l’investigation<br />

est l’acte qui la définit le mieux. Elle est, dit Aristote, -<br />

375. Il n’y a rien qu’elle ne puisse se proposer d’examiner, aucune<br />

conclusion pour laquelle elle soit inapte à chercher <strong>des</strong> prémisses<br />

pertinentes 376. Cela découle directement de sa nature demanderesse 377. Si elle<br />

ne peut adopter un énoncé qu’en sollicitant l’opinion commune à son sujet,<br />

elle est par cela même apte à interroger sur tout ce qui s’énonce. Pour plus de<br />

clarté, cependant, il faut distinguer comme un double niveau dans ses<br />

requêtes. <strong>La</strong> première demande présentée est notablement différente de toutes<br />

cel<strong>les</strong> qui suivent. Car, le dialecticien n’est pas dès cette demande à l’affût de<br />

375Voir Top., I, 2, 101b3.<br />

376À condition, bien sûr, qu’il y ait quelque obscurité à dissiper. Le dialecticien correctement<br />

disposé ne cherche pas <strong>des</strong> prémisses pour conclure ce qui va parfaitement de soi.<br />

« Tout n’est pas à poser comme problème dialectique… Personne ne poserait en problème<br />

ce qui est manifeste à tous ou à la plupart, puisque cela ne comporte pas de difficulté. »<br />

(Top., I, 10, 104a5-7) Mais, encore là, ce n’est pas en raison de quelque limite du pouvoir<br />

investigatif du dialecticien. C’est par manque de besoin, par manque d’objet à investiguer.<br />

Car, à tout prendre, le dialecticien peut faire porter son investigation sur ce qu’il y a de plus<br />

évident : son pouvoir investigatif lui donne même « accès aux <strong>principes</strong> de toutes <strong>les</strong><br />

métho<strong>des</strong> » (Top., I, 2, 101b3-4).<br />

377« Ó . » (Réf. soph., 11, 172a18).<br />

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