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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

à l’épreuve. Toute l’action dialectique tendra à former un raisonnement, le<br />

plus fort possible, et le plus abondant possible, dont la conclusion contredise<br />

cette position. Bien mené, cet effort met la raison en possession de l’opinion<br />

la mieux fondée : ce sera la position initiale elle-même, si <strong>les</strong> essais de la<br />

détruire échouent ; ce sera son opposée, dans la mesure où, à l’inverse, la<br />

<strong>des</strong>truction de la position initiale s’avère chose facile ou possible. Le<br />

raisonnement cherché, parce qu’œuvre unique, est plus facilement attendu<br />

d’un agent unique. Mais il y a plus. Car cette œuvre unique est tout de même<br />

le fruit de deux opérations, dont on a vu comment el<strong>les</strong> sont diamétralement<br />

distinctes : la demande et la réponse ; l’œuvre finale constitue comme leur<br />

couronnement commun, leur Ù . Plus facilement œuvre de deux<br />

agents alors ? C’est à voir. En un sens, oui, puisque deux opérations qui font<br />

appel à <strong>des</strong> talents aussi différents relèvent plus facilement de deux personnes<br />

différentes. Mais d’une autre façon, non. Car, malgré la présence de deux<br />

interlocuteurs, le travail ne s’en trouve pas divisé en deux ; au contraire,<br />

chacun doit l’accomplir tout entier. Dans le travail manuel, on peut, et l’on y<br />

gagne beaucoup, confier à <strong>des</strong> personnes différentes <strong>des</strong> opérations de nature<br />

différente : celui qui scie peut limiter là sa participation et l’œuvre en est<br />

même mieux assurée ; et celui qui cloue n’a pas à refaire pour lui-même le<br />

sciage déjà exécuté. Mais il serait simpliste d’assimiler à ce modèle le partage<br />

<strong>des</strong> tâches entre le demandeur et le répondeur dans une investigation. Le<br />

répondeur ne peut remplir convenablement sa fonction que dans la mesure où<br />

il conçoit lui aussi la demande présentée par le demandeur. Il lui est impossible,<br />

autrement, de porter un jugement sensé sur son caractère endoxal ; il<br />

serait réduit alors à l’accorder ou non de manière arbitraire, et l’impression<br />

grandirait chez lui, au cours du dialogue, de céder malgré lui à la pression du<br />

demandeur 471. Sa valeur comme répondeur se mesure d’ailleurs beaucoup à sa<br />

471Platon fait bien ressortir le souci de Socrate de respecter cette nécessité : « Nous<br />

devons, me semble-t-il, investiguer ensemble (Ô ) si tu possè<strong>des</strong> ou non ce<br />

sur quoi nous enquêtons, de façon à ce que tu ne te trouves pas contraint à dire ce que tu ne<br />

veux pas dire...» (Charmide, 158d-e). Platon marque aussi la frustration du répondeur qui<br />

ne fournit pas à concevoir <strong>les</strong> propositions sur <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il est appelé à se prononcer ; cette<br />

frustration est bien sensible dans cette réplique d’Adimante : « À cela, Socrate, personne ne<br />

saurait opposer quoi que ce soit ; mais voici ce que ressentent <strong>les</strong> auditeurs, chaque fois que<br />

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