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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

sagesse et l’intellect. Car, par le soupçon et l’opinion, il y a possibilité d’être<br />

dans le faux. » 244<br />

À cette première faib<strong>les</strong>se de l’art dialectique, il faut en ajouter une<br />

autre. Il la partage de fait avec tous <strong>les</strong> arts, pour autant que tous sont dépendants<br />

de la qualité de la matière dont ils disposent sur le moment, mais<br />

surtout avec certains arts et puissances pratiques, comme la rhétorique et la<br />

médecine, dont la matière est particulièrement aléatoire. D’une certaine façon,<br />

avons-nous vu, contrairement au savant, le dialecticien est prêt à contredire<br />

ou même à appuyer de ses arguments à peu près n’importe quel énoncé, à la<br />

seule condition qu’il fasse le moindrement problème 245. Mais cela ne signifie<br />

pas qu’il existe pour n’importe quel énoncé une matière endoxale d’égale<br />

valeur, et que le dialecticien disposerait pour n’importe quoi de <strong>principes</strong> susceptib<strong>les</strong><br />

de le faire recevoir légitimement comme l’opinion la plus sensée sur<br />

le sujet. Évidemment non ! Devant bien <strong>des</strong> énoncés, le dialecticien se trouvera<br />

en situation de grande pauvreté rationnelle, sans qu’on puisse mettre en<br />

doute sa compétence en son art. Exactement comme le médecin, même excellent,<br />

se trouve en bien <strong>des</strong> circonstances incapable de guérir le malade qu’on<br />

lui présente : la corruption est trop avancée, la maladie est incurable. Aussi ne<br />

faut-il pas chercher la perfection du médecin ou du dialecticien en ce qu’il<br />

guérit ou convainc à coup sûr, mais en ce qu’il met tout en œuvre parmi <strong>les</strong><br />

moyens disponib<strong>les</strong> à cette fin.<br />

Cette méthode, par ailleurs, nous en rejoindrons la perfection d’une manière<br />

semblable à celle dont elle nous est accessible pour la rhétorique, la médecine<br />

et <strong>les</strong> puissances de cette nature, c’est-à-dire pour autant que nous réaliserons<br />

244Éth. Nic., VI, 3, 1139b15-18. Voir aussi le commentaire de s. Thomas (#1143) : « Les<br />

vertus intellectuel<strong>les</strong> sont <strong>des</strong> habitus grâce auxquels l’âme dit vrai. Or il y a cinq habitus<br />

grâce auxquels l’âme dit toujours vrai, qu’elle affirme ou nie. Ce sont l’art, la science, la<br />

prudence, la sagesse et l’intellect… De ce nombre, Aristote exclut … l’opinion que l’on<br />

développe grâce à quelques conjectures en matière universelle. Or bien qu’il arrive que par<br />

(elle) on dise vrai, il arrive aussi qu’on dise faux, ce qui constitue le mal pour<br />

l’intelligence, comme son bien est le vrai. Or il est contraire à la définition de la vertu,<br />

qu’elle soit principe d’un acte mauvais. Ainsi devient-il évident que … l’opinion ne peut se<br />

dire vertu intellectuelle. »<br />

245Voir Top., I, 11, 105a2-9.<br />

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