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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

On voit mieux, maintenant, à quoi vise le répondeur en objectant. Mais<br />

on n’a toujours pas répondu à la question de la nature même de l’objection.<br />

Qu’est-elle en définitive ? Enoncé, argument ou autre chose ? Dans ses<br />

Premiers Analytiques, Aristote parle nettement de l’objection comme d’un<br />

énoncé : « û Ú ı Ì Û. » 609 Mais<br />

plusieurs difficultés surgissent tout de suite. Dans le contexte qui nous intéresse,<br />

l’objection vient justifier le refus d’une proposition universelle. Il y a<br />

bien, dès la phrase suivante, cette corroboration d’Aristote affirmant que la<br />

proposition à laquelle s’oppose l’objection est toujours universelle 610. Mais<br />

l’objection ne pourrait pas se poser en complément du refus du répondeur, si<br />

elle n’était que ce refus lui-même, que ce non, si elle n’était pas autre chose<br />

que l’énoncé opposé. Doit-on alors considérer qu’Aristote, en ces deux contextes<br />

différents, vise autre chose, sous le même nom, comme cela lui arrive<br />

souvent ? Avant de classer la question sans plus de procès, il convient de<br />

remarquer que la définition de l’objection par la proposition pose un autre<br />

problème. Dans <strong>les</strong> Premiers Analytiques, Aristote affirme que « l’objection<br />

s’apporte par le biais de deux figures..., c’est-à-dire dans la première et la<br />

troisième » 611. Or <strong>les</strong> figures sont affaire non de proposition, mais de syllogisme.<br />

<strong>La</strong> difficulté est assez patente pour que <strong>des</strong> commentateurs lui aient<br />

déjà cherché une solution. Saint Albert, par exemple, imagine qu’on puisse<br />

appeler objection aussi bien l’énoncé qu’on affirme en contradiction avec<br />

quelque proposition d’un syllogisme en formation que l’argument où cet<br />

énoncé enracine sa crédibilité. En somme, l’objection serait un énoncé, mais<br />

un énoncé conclu, perçu comme le fruit d’un argument.<br />

L’objection se dit de deux manières. D’une manière, en effet, on dit objection<br />

la proposition objectée, considérée absolument. D’une autre manière,<br />

c’est le raisonnement même (par lequel on prouve et conclut une telle proposition)<br />

qu’on dit objection. Nous considérerons ici l’objection dite communément<br />

de l’une et l’autre manière ; lorsque l’on dit que l’objection est une pro-<br />

609Prem. Anal., II, 26, 69a37 : « Une objection est une proposition contraire à une<br />

proposition. »<br />

610« L’objection diffère de la proposition, puisqu’elle peut être particulière, tandis que la<br />

proposition ou bien ne peut pas l’être du tout, ou bien ne l’est pas dans <strong>les</strong> raisonnements<br />

universels. » (Ibid.)<br />

611Ibid., 69b1-5.<br />

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