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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

rance consciente à deux qui rend la situation proprement dialectique (D), et<br />

c’est à gouverner cette situation-là que visent toutes <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> de ce que j’ai<br />

appelé l’investigatoire (I). C'est dans cette situation que s’articulent avec le<br />

plus de clarté <strong>les</strong> étapes concrètes dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong>, comme on l’a décrit jusqu’à<br />

maintenant, s’incarne la conception <strong>aristotélicienne</strong> de la dialectique : un<br />

énoncé fait problème, on ne sait pas immédiatement s’il faut l’affirmer ou le<br />

nier ; font défaut <strong>les</strong> <strong>principes</strong> qui permettraient de résoudre ce problème avec<br />

une évidence propre, en ayant une prise directe sur <strong>les</strong> choses ; par conséquent,<br />

on recourt à l'endoxe, dont la nature force à une double opération : concevoir<br />

ce matériau (rôle du demandeur) et discerner sa légitimité comme principe<br />

d’investigation (rôle du répondeur) ; enfin, on fait usage de cet endoxe,<br />

inévitablement dans l’élaboration d’une attaque contre une position initiale.<br />

Toutes choses qu’Aristote résume laconiquement en définissant comme « dialectiques<br />

<strong>les</strong> raisonnements qui, partant de ce qui est endoxal, syllogisent la<br />

contradiction » 657 de la position prise initialement devant un problème.<br />

3. <strong>La</strong> sophistique, la chicane et la pseudographie<br />

<strong>La</strong> situation dialectique est plus vraisemblable et plus fréquente que la<br />

situation dite strictement d’enseignement. Il est plus dans l’ordre du possible<br />

humain de se trouver associé à un autre ignorant qu’à un savant, lorsqu’il<br />

s’agit d’apprendre, et l’on trouve plus facilement à investiguer qu’à se faire<br />

démontrer. Toutefois, la fragilité humaine, rationnelle et morale, est telle que<br />

cette situation aussi est rare, du moins à l’état pur. Il est tellement difficile et<br />

pénible, pour l’homme, de s’élever ne fût-ce qu’à l’opinion la plus valable,<br />

sinon à la science, qu’il est tenté, à tout moment, de le feindre seulement et<br />

d’arborer investigation et démonstration apparentes, opinion et savoir apparents.<br />

C’est ainsi qu’au lieu d’appuyer sa démarche sur <strong>des</strong> <strong>principes</strong> propre-<br />

méconnaît de la même manière la situation dialectique de base quand on nomme plus<br />

abstraitement le deus ex machina qui détient la solution dès le début et n’attend que le bon<br />

moment de la faire valoir : « Pourquoi donc le logos ne s’applique-t-il pas à développer<br />

devant Euthyphron cette notion de piété ? C’est que celui-ci n’est pas prêt à recevoir cet<br />

enseignement. Le logos se refuse à tout rôle dogmatique avant d’avoir terminé sa tâche de<br />

purificateur. » (<strong>La</strong>france, 57)<br />

657Réf. soph., 2, 165b3-4.<br />

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