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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

sens, que ces attributions sont propres, puisque chacune exprime une nature<br />

unique et que, normalement, c’est cette nature que la raison vise quand elle<br />

compose cette attribution à un sujet. Même réflexion pour <strong>les</strong> noms imposés à<br />

ces attributions. Cependant, il arrive souvent qu’en raison de quelque<br />

ressemblance ou parenté imparfaite de nature, ou, plus rarement, par un<br />

simple hasard, le même attribut, avec son nom, recouvre deux ou plusieurs<br />

natures différentes. Ainsi, l’amour est de nature distincte s’il pousse vers<br />

l’ami, la femme, le vin ou l’argent. Pourtant, on rend correctement chaque<br />

nature en la disant amour. Un seul attribut, un seul nom, et pourtant une<br />

grande diversité spécifique. Il faut manier un instrument dialectique spécial<br />

pour arriver à distinguer cette diversité de nature présente sous un seul<br />

attribut ou un seul nom. On pressent le caractère indispensable d’une telle<br />

habileté. Mais comment en préciser l’utilité ? Aristote lui attribue deux grands<br />

bénéfices.<br />

Premièrement, cette rigueur assure la clarté <strong>des</strong> énoncés amenés 1073 dans<br />

la discussion, qu’ils constituent <strong>des</strong> propositions assumées en vue d’attaquer<br />

ou <strong>des</strong> positions à défendre. Cette clarté est nécessaire « pour que <strong>les</strong><br />

raisonnements portent sur la chose même et non sur son nom » 1074. Si <strong>les</strong><br />

deux interlocuteurs ne tournent pas leur esprit vers la même chose et ne<br />

prennent pas <strong>les</strong> mots selon la même signification, <strong>les</strong> arguments seront<br />

vains ; mais, si la chose visée et le sens de son nom ont été précisés, <strong>les</strong><br />

interlocuteurs devront, l’un comme l’autre, s’y tenir, sous peine « de paraître<br />

ridicu<strong>les</strong> » 1075. En second lieu, la capacité de distinguer l’homonymie est<br />

« utile tant pour ne pas être induit soi-même que pour induire <strong>les</strong> autres en <strong>des</strong><br />

paralogismes … lorsqu’on est absolument incapable de discuter autrement le<br />

1073Voir ibid., 18, 108a19 : « On peut mieux savoir ce qu’on pose. » Voir aussi ibid.,<br />

108a24 : « Une fois manifesté de combien de manières [l’attribut] se dit et selon laquelle on<br />

[le] pose… »<br />

1074Ibid., 108a20-21.<br />

1075Ibid., 108a25. On peut ramener à cette première utilité l’usage que fera Aristote de la<br />

distinction du sens <strong>des</strong> mots à l’intérieur de certains lieux. Voir entre autres : Top., II, 3,<br />

110b8-15 ; IV, 3, 123a26-30 et aussi, de façon différente, pour poser ou réfuter le propre et<br />

la définition : V, 2, 129b30-33 ; 130a15-29 ; VI, 2, 139b12-32.<br />

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