23.06.2013 Views

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Yvan Pelletier<br />

à Aristote que <strong>les</strong> hommes atteignent toujours déterminément la connaissance<br />

de la vérité. Bien au contraire, à mesure qu’on entre en <strong>des</strong> connaissances<br />

spécialisées et distinctes, Aristote n’hésite pas à dire que l’erreur devient plus<br />

naturelle à l’homme : « Se tromper ... est plus approprié aux vivants et l’âme<br />

y passe plus de temps. » 103 Mais, à un niveau commun et encore confus, la<br />

vérité reste facile et accessible à tous, car « qui manquerait une porte ? ». 104 À<br />

ce niveau, donc, il ne fait aucun doute qu’Aristote reconnaît une profonde<br />

affinité naturelle entre la raison humaine et le vrai. Cette espèce de<br />

connaturalité engendre la conséquence que, sous la réserve qui précède, la<br />

raison se sent spontanément plus à l’aise dans le vrai, sa fin et son bien, que<br />

dans le faux. Et cela, même en l’absence de l’évidence parfaite qui lui permet<br />

de distinguer nettement l’un de l’autre. De manière analogue, vu la connaturalité<br />

de la volonté et du bien moral, accomplir une action juste, même<br />

imparfaite et confuse dans ses motivations, satisfait spontanément davantage<br />

qu’en commettre une injuste.<br />

Comment alors réagit la raison humaine, lorsque lui manquent <strong>les</strong><br />

connaissances vraies, certaines et évidentes ? Elle se fie spontanément à ellemême,<br />

affirmais-je. Qu’est-ce à dire ? Habilitée par sa connaturalité avec le<br />

vrai, la raison humaine s’appuie, pour admettre ou refuser, en vue de son<br />

argumentation, <strong>des</strong> <strong>principes</strong> non évidents, sur cette aisance qu’elle ressent<br />

naturellement en présence du vrai et sur ce malaise que lui cause le faux. <strong>La</strong><br />

raison prend cet effet habituel que lui produisent le vrai et le faux, aise et<br />

répugnance, comme <strong>des</strong> signes assez forts du vrai et du faux pour fonder son<br />

jugement de ce qui est ou non acceptable comme principe de progrès<br />

rationnel 105 . C’est une conception <strong>des</strong> plus fondamenta<strong>les</strong>, chez Aristote, que<br />

toutes choses à débattre ; mais à strictement parler ce qui est vrai et meilleur est toujours<br />

plus facile à raisonner et à persuader. » (Ibid., 1355a35-38)<br />

103De l’Âme, III, 3, 427b1-2.<br />

104Mét., , 1, 993b5.<br />

105On pourrait se demander si cela peut vraisemblablement se passer ainsi chez le grand<br />

nombre. Il faut répondre par l’affirmative, mais bien voir que cela n’est pas distinctement<br />

conscient. Chacun, ainsi, adhère à la plupart de ses <strong>principes</strong> à cause de l’aise qu’il y ressent<br />

; mais, interrogés sur le motif de leur adhésion, la plupart allèguent une évidence qu’ils<br />

n’ont pas de fait et accordent en conséquence le plus souvent à leurs <strong>principes</strong> plus de certi-<br />

38

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!