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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

éloigné ou abstrait, accessible uniquement à <strong>des</strong> initiés. Au contraire, ce critère<br />

d’inférence doit se trouver communément accessible ; mais cela n’entraîne<br />

pas que sa conception distincte soit également aisée. <strong>La</strong> difficulté est<br />

similaire à celle qu’on éprouve à exprimer abstraitement une règle de grammaire<br />

dont on fait pourtant un usage quotidien. Les lieux sont le fruit d’une<br />

réflexion à laquelle tous s’élèvent plus ou moins confusément sur l’ensemble<br />

de l’activité rationnelle. Suivons un peu la démarche de cette réflexion commune.<br />

Aristote distingue deux grands moments de l’activité rationnelle. Dans<br />

une première étape, on appréhende la nature <strong>des</strong> choses sur <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> le sens<br />

informe et l’on s’en forme une représentation ; à l’étape suivante, on compare<br />

cette représentation à la réalité et l’on juge de sa plus ou moins grande conformité<br />

856. C’est là une constatation à la portée de tous, car tous distinguent,<br />

jusqu’à un certain point, le moment où ils se forment un concept, à comparer<br />

<strong>des</strong> informations sensib<strong>les</strong> accumulées — notions de cheval, d’animal, de<br />

blanc — et le moment où ils jugent qu’en en usant, ils réussissent à se représenter<br />

adéquatement un sujet donné : ce sujet est effectivement un cheval, un<br />

animal et blanc. Tous, au moins, font bien la différence entre <strong>les</strong> signes respectifs<br />

de ces deux actes rationnels : le mot isolé et la phrase énonciative. En<br />

outre, la distinction entre <strong>des</strong> degrés divers d’universalité que revêtent <strong>les</strong><br />

concepts, chacun la saisit déjà en germe. Sans, peut-être, pouvoir en rendre<br />

compte en <strong>des</strong> termes adéquats, chaque homme a l’expérience de connaître à<br />

travers <strong>des</strong> conceptions universel<strong>les</strong>. Chacun se rend compte que la notion<br />

qu’il se forme d’une chose peut lui servir à se représenter plusieurs autres<br />

choses, bien que cette notion soit unique. Tout cela est préalable, au moins<br />

confusément, à l’énonciation de phrases, à l’usage de noms communs. Plus<br />

encore : chaque homme se rend compte que ces notions universel<strong>les</strong> qu’il<br />

forme se rapportent de manières différentes aux choses qu’el<strong>les</strong> représentent.<br />

Que parfois el<strong>les</strong> font connaître d’une chose son essence propre, alors que<br />

d’autres fois el<strong>les</strong> n’en révèlent qu’un caractère accidentel et secondaire.<br />

C’est ainsi que chacun, dans la mesure même où il pressent, dans l’animal,<br />

856Voir De l’Âme, III, 6 ; De l’interpr., 1.<br />

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