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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

penser, selon qu’il s’agit <strong>des</strong> Premiers Analytiques 451, où l'on ne traite pas<br />

encore précisément de démonstration, mais de toute forme syllogistique, sans<br />

distinction de matière, ou qu’il s’agit <strong>des</strong> <strong>Topiques</strong>, où il est entendu d’avance<br />

que la démonstration stricte est hors sujet.<br />

3. <strong>La</strong> dialectique est agressive<br />

On le voit donc bien, la matière endoxale, étant commune, extrinsèque,<br />

d’origine rationnelle et non réelle, entraîne de nature le dialogue et la discussion.<br />

Elle est inévitablement terre à conflit, du fait qu’elle n’est pas fermée au<br />

faux et, par suite, ouverte à l’incohérence. Le dialecticien est par nature un<br />

assaillant 452. Il est parlant, dans ce contexte, de remarquer le terme qu’affectionne<br />

plus spécialement Aristote pour nommer l’argument propre au dialecticien.<br />

« Û Ó Ù ı. » 453 Pour apprécier à<br />

451Voir Prem. Anal., II, 11ss.<br />

452Et ce, indépendamment de la forme extérieure plus ou moins polie que peut revêtir le<br />

dialogue. Indépendamment même du fait qu’il se passe entre deux interlocuteurs ou à l’intérieur<br />

de soi. L’argument dialectique n’est jamais neutre, même dans la recherche personnelle,<br />

contrairement à l’impression de De Pater : « (<strong>La</strong>) forme (de la dialectique) est le dialogue,<br />

soit avec un autre, soit avec soi-même. En résumé, la dialectique est l’art d’argumenter<br />

— en agresseur ou en défendeur, aussi bien que dans le sens neutre d’une recherche personnelle<br />

— sur toute chose, en dialoguant à partir du probable. » (De Pater, Les <strong>Topiques</strong><br />

d’Aristote…, 75 ; c’est moi qui souligne)<br />

453Top., VIII, 11, 162a16 : « C’est une attaque, un syllogisme dialectique. » Voilà un mot<br />

capital pour l’intelligence et la cohérence <strong>des</strong> <strong>Topiques</strong>. Dans le choix de ce substantif et du<br />

verbe correspondant pour désigner l’opération dialectique par excellence, Aristote<br />

marque combien il s’agit naturellement, pour le dialecticien, de réfuter une position, de<br />

conclure en contradiction avec une affirmation antérieure. Car c’est bien ce à quoi mène<br />

l’usage d’endoxes : le dialecticien s’attaque à toute position ; c’est son procédé naturel<br />

d’investigation ; quelle que soit la position choisie face à un problème, l’activité dialectique<br />

consistera à l’attaquer le plus brutalement possible. Attaquer (avec attaque, difficile ou<br />

facile à attaquer, attaquant) offre l’opportunité de traduire avec cohérence en français<br />

toutes <strong>les</strong> occurrences du groupe (Û, Û, -<br />

ı). Tricot, quant à lui, traduit ici épichérème, mais il exécute dans le reste du texte<br />

un slalom déconcertant entre attaque (155b5), discussion (158a35), combat (158b1), argument<br />

(158b13), objection (160b15). Il devient ainsi difficile pour le lecteur de percevoir<br />

qu’Aristote parle alors d’une réalité simple et unique : l’argument propre au dialecticien, en<br />

sa présentation la plus ordinaire. Comment le lecteur verrait-il l’identité du syllogisme dialectique<br />

caractérisé comme un épichérème (162a16) — un mot qui ne dit rien au lecteur<br />

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