23.06.2013 Views

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Yvan Pelletier<br />

L’opposition radicale se place donc entre <strong>les</strong> syllogismes qui procèdent de la<br />

dialectique (Ï Ô) ou de la rhétorique (Ï <br />

) et <strong>les</strong> démonstrations que produisent <strong>les</strong> autres sciences. Mais,<br />

disent <strong>les</strong> Seconds Analytiques, « nécessairement, la science démonstrative<br />

procède du vrai, du premier, de l’immédiat, du plus connu, de l’antérieur et de<br />

ce qui est cause de la conclusion » 840. Former une démonstration, c’est donc<br />

appliquer <strong>les</strong> <strong>principes</strong> d’inférence, étudiés dans <strong>les</strong> Premiers Analytiques, à<br />

une matière reçue comme propre et évidente. Démontrer, c’est inférer en raison<br />

d’une parfaite évidence du rapport <strong>des</strong> termes de la conclusion au moyen<br />

terme. Conclure démonstrativement une propriété du triangle, par exemple,<br />

c’est résoudre cette propriété dans la connaissance évidente de la nature du<br />

triangle. En ce sens, on peut dire que la démonstration s’appuie sur <strong>les</strong> choses<br />

mêmes, du fait qu’elle s’appuie sur <strong>les</strong> choses connues dans leur vérité. Dans<br />

le syllogisme dialectique, au contraire, <strong>les</strong> prémisses ne sont pas reçues parce<br />

que vraies, mais à titre d’endoxes. Voilà ce qui fait problème : est-il possible<br />

d’inférer validement à partir de tel<strong>les</strong> prémisses ? Effectivement, un endoxe<br />

exclut par définition la connaissance évidente du rapport entre ses termes. Un<br />

argument fondé sur de tels énoncés exclut donc toute saisie évidente du rapport<br />

que pourrait entretenir un moyen terme avec le sujet et l’attribut de la<br />

conclusion visée. Or, il n’y a pas d’inférence syllogistique sans que l’intelligence<br />

ne saisisse assurément entre <strong>les</strong> termes proposés un rapport conforme<br />

au dici de omni, dici de nullo.<br />

Dans la suite du texte de la Rhétorique où il oppose si radicalement <strong>les</strong><br />

deux syllogismes, Aristote, sans répondre explicitement à la difficulté, donne<br />

cependant la clé de sa solution : « Je dis que sont <strong>des</strong> raisonnements dialectiques<br />

et rhétoriques ceux à propos <strong>des</strong>quels nous fournissons <strong>les</strong> lieux. » 841 Il<br />

est frappant de trouver ainsi noté le rapport intime entre lieu et argument<br />

dialectique au moment de s’interroger sur la légitimité formelle de ce dernier.<br />

On a plus souvent relevé que, pour Aristote c’est sa matière qui définit le<br />

syllogisme dialectique : radicalement, un syllogisme est dialectique parce que<br />

840Sec. Anal., I, 2, 71b19-22.<br />

841Rhét., I, 2, 1358a10-12.<br />

302

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!