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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

paradoxes, mais, cette fois, précisément à cause, et le plus manifestement<br />

possible, de l’ignorance où le répondeur se trouve de ce qu’il prétend connaître.<br />

S’il dit que telle définition de l’objet est parfaite, le demandeur le conduira<br />

à <strong>des</strong> absurdités en raison, par exemple, de distinctions qu’il ne saura<br />

pas mettre dans ses réponses plutôt qu’en raison d’une éventuelle imperfection<br />

de la définition soutenue. <strong>La</strong> probatoire « peut conclure du faux à cause<br />

de », c’est-à-dire qui soit précisément dû à « l’ignorance de celui qui accorde<br />

la proposition » 731. Le terme de l’examen réussi ne sera pas : “Cette définition<br />

est (ou n’est pas) parfaite”, mais : “Le répondeur ignore (ou sait) ce qu’il en<br />

est.”<br />

Cela s’intègre tout autant aux fonctions du répondeur. Il s’agit pour lui<br />

de concéder tout ce qui est endoxal et plus endoxal que le propos, mais en<br />

soulevant le plus sévèrement possible toutes <strong>les</strong> objections auxquel<strong>les</strong> ouvrent<br />

inévitablement la porte <strong>les</strong> façons de parler d’un demandeur qui ne sait pas, et<br />

en le laissant s’enferrer le plus loin possible dans <strong>les</strong> absurdités non dommageab<strong>les</strong><br />

à la position initiale que comportent <strong>les</strong> deman<strong>des</strong> paradoxa<strong>les</strong> qu’il<br />

se trouve à faire 732. Voyons, à titre d’illustration, quelques règ<strong>les</strong> de discussion<br />

que fournit Aristote en ce sens au demandeur et au répondeur en énumérant<br />

<strong>les</strong> lieux et en décrivant <strong>les</strong> fonctions. On <strong>les</strong> trouvera particulièrement<br />

foisonnantes en ce qui a trait à la manière de manipuler l’homonymie.<br />

En ce qui concerne le demandeur, le piège ou la précaution par excellence<br />

sur lequel il peut compter pour amener de force à son propos un<br />

interlocuteur récalcitrant, c’est la dissimulation de la conclusion, ˜<br />

Ì. C’est là le meilleur remède à la résistance indue, car le<br />

731Réf. soph., 8, 169b26.<br />

732D’où on comprend que Socrate puisse, sans l’offenser, soupçonner Protagoras de lui<br />

avoir répondu initialement de manière à le tester et lui offre, si c’est le cas, de changer sa<br />

position. « Car je ne serais pas étonné que tu aies dit cela alors pour me mettre à l’épreuve<br />

(˘ı ). » (Protagoras, 349c-d) Socrate ironise ici ; mais c’est quand même<br />

l’occasion de signaler une possibilité dialogique réelle. En somme, mettre à l’épreuve<br />

amène assez automatiquement le probateur à se donner une allure plus naïve que nature et à<br />

qui le voit à l’œuvre il paraît presque plaisanter ou jouer. Par exemple : « Prodicos donne<br />

l’impression de faire l’enfant (Û) et de te tester () pour voir si tu seras<br />

capable de venir en aide à ta propre position. » (Protagoras, 341d)<br />

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