La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La dialectique aristotélicienne
mier. Seulement ensuite s’ajoute, selon chaque problème particulier, qu’il
s’agit de tel contraire, de telle définition, de tel semblable particulier. Cette
primauté, cette irréductibilité à quoi que ce soit d’antérieur assimile assez le
lieu d’argument à l’élément pour justifier Aristote de lui en donner le nom.
De plus :
Par extension, nous appelons aussi élément ce qui, étant un et petit, est utile
à plusieurs, et c’est pourquoi ce qui est petit et simple et indivisible est dit élément.
D’où il suit que ce qu’il y a de plus universel est élément, car chacun,
étant un et simple, appartient à plusieurs, ou à tous ou à la plupart. 925
Or, chaque lieu dialectique est lui aussi petit, un, simple et utile à plusieurs,
si on regarde la multiplicité d’arguments particuliers qu’il fonde et fait
découvrir. Il est encore universel, demeurant toujours le même dans la multiplicité
infinie des problèmes discutés. On apprécie l’excellence du choix
qu’Aristote a fait de privilégier ces deux noms pour désigner le critère dialectique
naturel. Pris au sérieux, ces noms introduisent efficacement à l’intelligence
de la nature profonde du principe fondamental de la découverte dialectique.
D. La formulation logique du lieu
Tout raisonnement en matière non évidente réside ultimement dans les
affinités d’attribution inhérentes aux relations — genre, définition, contraire
— admises entre certains termes et ceux du problème. Aussi ces affinités
s’appellent-elles des lieux dialectiques et fournissent-elles l’indice auquel reconnaître,
parmi des endoxes, lesquels procurent la solution dialectique d’un
problème. Repérer ainsi l’inférence qui fonde l’argumentation implique déjà
une réflexion logique. Cette réflexion, toutefois, n’appartient pas encore à la
science logique ; elle constitue une connaissance intuitive, encore confuse
bien que certaine, fruit naturel d’une expérience rationnelle même rudimentaire.
Elle se compare à la familiarité que l’on développe avec la grammaire et
la syntaxe de sa langue simplement à la parler. La science du lieu vient plus
tard. La grammaire comme telle perfectionne l’intelligence à un moment où
l’on parle et où l’on écrit déjà ; de même, la science dialectique, et avec elle
925Métap., V, 3, 1014b3-8.
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