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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

découvre la nature de l’homme, de même que ce qui lui est conforme, en<br />

remarquant ce qui se retrouve chez tout homme, de même que ses activités et<br />

réactions <strong>les</strong> plus fréquentes. Aristote étend la même règle au domaine de la<br />

pensée : <strong>les</strong> idées liées au langage commun et habituel lui apparaissent<br />

comme suggérées assez prochainement par la nature. Par exemple, note-t-il,<br />

on se sert toujours du mot tous pour parler d’au moins trois choses : c’est un<br />

signe que la nature incline à voir dans la trinité la perfection et la totalité.<br />

Pour deux choses, nous disons : <strong>les</strong> deux choses, et pour deux personnes :<br />

<strong>les</strong> deux personnes ; nous ne disons pas: tous ; nous ne commençons à adopter<br />

cette dénomination que s’il s’agit d’au moins trois choses. En cela, ainsi que<br />

nous l’avons dit, nous suivons le chemin que nous trace la nature ellemême.<br />

131<br />

Voilà le motif qui porte Aristote à nommer et définir la matière du<br />

dialecticien comme il le fait : « Ó Ï ¢ <br />

Û. » 132 Quand, en effet, tous <strong>les</strong> hommes ou une grande majorité<br />

d’entre eux admettent de fait une idée, un énoncé — la constance étant<br />

marque de conformité à la nature — ce consensus général constitue un signe<br />

manifeste, mais non infaillible, bien sûr 133, d’une inclination naturelle de la<br />

raison à admettre cette idée 134. Sans doute la sympathie naturelle de la raison<br />

131Du Ciel, I, 1, 268a16-20. — « Nous adoptons tous communément cette façon de<br />

parler, parce que c’est la nature qui nous y incline. En effet, ce qui est propre à chacun dans<br />

la façon de parler, provient manifestement de conceptions personnel<strong>les</strong>, mais ce qu’on peut<br />

remarquer comme commun à tous, provient manifestement d'une inclination naturelle. »<br />

(S. Thomas, In I de Caelo, 2, #13) — Un interprète contemporain remarque, dans le même<br />

sens : « Aristote savant semble accorder sa confiance aux classifications de la langue populaire<br />

: le succès d’une désignation consacrée par l’usage est l’indice que cette désignation<br />

n’est pas arbitraire. » (Aubenque, Le Problème de l’être..., 113)<br />

132Top., I, 1, 100b21-22 : « Est endoxal ce à quoi tous s’attendent, ou la plupart. »<br />

133 À cause de tous <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong> : imagination, appétits, coutumes, qui ont souvent pour<br />

effet de détourner la raison de son discours naturel, même dans <strong>les</strong> choses qui lui sont le<br />

plus proportionnées.<br />

134« Le vraisemblable et l’opinion sont la voie naturelle vers le vrai. » (Le Blond, 49) —<br />

Comparer : « Socrate : Tisias, quoi d’autre appelle-t-il vraisemblable (∞ı) que ce à quoi<br />

s’attend le grand nombre (Ù ) ? – Phèdre : Que pourrait-ce être<br />

d’autre ? - [...] Socrate : [Or] ce vraisemblable en est venu à germer dans le grand nombre à<br />

cause d’une similitude avec le vrai… » (Phèdre, 273a-b) — S. Thomas, à l’occasion d’une<br />

argumentation appuyée sur l’opinion commune, exprime concisément la même idée : « Ce<br />

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