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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

scientifique. Pour parler, en effet, de l’intelligibilité <strong>des</strong> choses mêmes, il<br />

s’agit de regarder ce qui, dans leur nature à el<strong>les</strong>, se prête à représentation, à<br />

connaissance, et il suffit de prendre abstraitement l’intelligence comme faculté<br />

dont l’objet propre est le vrai, la conformité aux choses. Ainsi, il est<br />

juste de dire que l’intelligibilité <strong>des</strong> choses el<strong>les</strong>-mêmes est indépendante de<br />

la nature de l’intelligence qui la connaît. Cette qualité <strong>des</strong> choses rend compte<br />

du principe scientifique le plus parfait, mais non du principe dialectique.<br />

Celui-ci, qui doit justement intervenir comme succédané de celui-là, reçoit<br />

son fondement prochain de la nature même de la raison et de ses inclinations ;<br />

il a, par conséquent, un fondement assez éloigné et indirect dans la réalité<br />

même <strong>des</strong> choses concernées. Le caractère propre de la matière dialectique<br />

réside dans la sympathie naturelle de la raison pour elle, dans l’inclination<br />

spontanée de la raison à y adhérer. Distinguer un endoxal absolu et un<br />

endoxal relatif ne pourra donc se faire sans considérer la raison qui s’y<br />

appuie ; c’est d’abord dans <strong>des</strong> caractères de la raison qu’on trouve le motif<br />

qui lui rend <strong>des</strong> propositions sympathiques, même absolument. On en aura un<br />

signe péremptoire en ceci que <strong>des</strong> énoncés faux seront maintes fois endoxaux<br />

absolument. Mais alors, la question se pose de nouveau : comment définir et<br />

rattacher l’endoxe, le probable et le spontanément sympathique à la raison ?<br />

Et à quoi marquer l’absolu et le relatif chez eux ?<br />

On sait qu’Aristote reconnaît à l’homme le pouvoir de saisir, au-delà de<br />

l’expérience sensible, la nature profonde <strong>des</strong> choses. Mais il soutient aussi<br />

que c’est seulement à travers cette expérience sensible qu’il y atteint. Ainsi<br />

l’homme a-t-il besoin de discerner, dans son expérience, ce qui s’attache à la<br />

nature d’une chose de ce qui ne lui est qu’accidentel. Aristote revient souvent<br />

sur le critère de ce discernement : « Tout ce qui est dû à la nature se produit<br />

ou toujours, ou dans la plupart <strong>des</strong> cas. » 130 C’est leur constance et leur<br />

régularité qui permet de juger si <strong>les</strong> faits découlent de la nature ou sont<br />

accidentels. L’homme, comme être naturel, n’échappe pas à la règle. On<br />

130Phys., II, 8, 198b34-35. Voir aussi ibid., VIII, 7 261b25 ; Éthique à Eudème, VIII, 2,<br />

1247a33 : « <strong>La</strong> nature est cause de ce qui se présente ou toujours ou dans la plupart <strong>des</strong> cas<br />

de la même manière. »<br />

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