La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La dialectique aristotélicienne
ressent la rhétorique. Même les problèmes moraux, qui ont pour fin ultime
l’activité humaine, ne font l’objet de discussions proprement dialectiques que
dans la mesure où ils ont une certaine universalité. Pour cette raison, on aurait
tort d’identifier trop strictement, comme le fait De Pater 1210, les lieux propres
rhétoriques du genre délibératif aux lieux propres dialectiques du préférable.
Du point de vue de la matière donc, tous les problèmes dialectiques, aussi
bien moraux que naturels ou rationnels, seront, à l’instar des problèmes scientifiques,
d’un intérêt universel. 1211 indique la source de ce qui fait
le problème dialectique, le doute qui porte sur l’énoncé. Dans la proposition,
on pose l’un des deux membres de la contradiction ; dans l'énoncé problématique,
on retient le jugement : l’esprit demeure en tension entre l’affirmation
et la négation, soit parce qu’il lui manque un motif d’adhérer à l’une ou à
l’autre, soit parce qu’il abonde en motifs d’adhérer à l’un comme à l’autre.
Puisqu’en dialectique, le motif d’adhésion de l’intelligence est l’endoxe, ce
sera en opposition aux caractéristiques de l’endoxe que se marqueront les
facteurs qui font d’un énoncé un problème dialectique. Il y aura, encore ici,
une distinction à faire entre des problèmes dialectiques par eux-mêmes et
d’autres, dialectiques par participation à ceux-là.
Un énoncé est problématique par lui-même ne présente rien d’endoxal ni
de paradoxal : « Là où aucune contradictoire n’est endoxale. » 1212 Ou encore
lorsque la raison découvre la marque de l’endoxe dans chacune des contradictoires
; c’est le cas de « là où le contraire est endoxal pour les sages et pour la
plupart, ou de chacun à chacun à l’intérieur de chaque groupe » 1213. D’autres
énoncés, sans s’opposer directement aux conditions endoxales, deviennent
problématiques en raison de l’argumentation déjà existante qui les concerne.
Les deux mêmes motifs reviennent : on n’incline ni d’un côté ni de l’autre,
soit qu’on est poussé dans l’un et l’autre sens, « du fait de tenir des raisons
persuasives en l’un et l’autre sens » 1214 ; soit parce que l’absence d’argument
1210 Les Topiques…, 126.
1211 De Û : tendre ensemble, être dans un état de tension.
1212 Top., I, 11, 104b3-5.
1213 Ibid.
1214 Ibid., 104b13-14.
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