23.06.2013 Views

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

semblable ainsi en va-t-il du propos ; aussi, en ayant montré celui-là, nous<br />

nous trouverons à avoir montré le propos, par supposition. Puisque nous<br />

aurons supposé, en effet, que comme il en va, éventuellement, de ce cas<br />

semblable ainsi en va-t-il aussi du propos, nous aurons fait la démontration. 529<br />

Aussi allons-nous maintenant nous en tenir à la matière de l’attaque. Car<br />

tout le travail du demandeur revient à cela : demander (, ∞,<br />

) et obtenir (, Ô) l’assentiment du répondeur pour<br />

une matière susceptible de se couler dans la forme du raisonnement le plus<br />

rigoureux possible dont la conclusion soit l’opposé de la position initiale.<br />

C’est que, comme on est en manque d’évidence directe, on doit recourir à <strong>des</strong><br />

<strong>principes</strong> qui appellent un jugement d’endoxalité et qui reçoivent leur légitimité<br />

et leur universalité non de quelque évidence sur <strong>les</strong> choses en présence,<br />

mais de l’inclination naturelle de la raison à <strong>les</strong> penser, inclination dont<br />

témoigne la tendance générale du grand nombre et dont rend compte et juge<br />

le répondeur. Le demandeur, donc, conçoit puis formule la matière du<br />

raisonnement à former, comme ferait tout raisonneur, fût-ce le plus<br />

scientifique, mais, en plus, et c’est ce qui le caractérise comme dialecticien, il<br />

soumet, il offre, il propose (Û) 530 cette matière, et chacun <strong>des</strong><br />

énoncés qu’elle comporte, au jugement du répondeur. Il est capital de bien<br />

comprendre dans quel esprit le demandeur propose ainsi. En effet, rien n’est<br />

plus facile que de tourner en contresens tout le vocabulaire aristotélicien sur<br />

cette question. Cela se fait d’ailleurs fréquemment. On saisit mal, d’habitude,<br />

à quel point c’est le répondeur qui prend la responsabilité du jugement, et<br />

comment, en contrepartie, c’est le demandeur qui propose tout. Ainsi Berti,<br />

dans une saisissante inversion d’optique, présente <strong>les</strong> choses comme si le<br />

demandeur se donnait un rôle de gardien de la vérité et de la vraisemblance, et<br />

529Top., I, 18, 108b12-19.<br />

530Platon utilise abondamment un vocable assez imagé, assez frappant, pour désigner cet<br />

acte caractéristique du demandeur. Celui-ci, dit-il, contre-obtient (Ì) : le<br />

demandeur propose et obtient l’assentiment en faveur de prémisses qui seront utilisées<br />

contre la position initiale. Voir Hippias, 287a : « Vois-tu quelque empêchement à ce que …<br />

tu répon<strong>des</strong> et que je contre-obtienne (Ì) <strong>les</strong> raisons, de façon à ce que tu<br />

m’exerces le plus possible ? Car je suis quelque peu expert en contre-obtentions (-<br />

, contre-propositions). Si donc cela ne te fait pas de différence, je veux contreobtenir<br />

(Ì, ou contre-proposer), de manière à comprendre plus à fond. »<br />

193

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!