23.06.2013 Views

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Yvan Pelletier<br />

autorité est toute extrinsèque, elle réside dans l’inclination et la coutume du<br />

commun, du sage, de l’expert. Pour recevoir un énoncé comme principe dialectique,<br />

il ne suffit pas de le concevoir et de le prononcer. Une autre opération<br />

est requise : le comparer à l’autorité extrinsèque du commun, du sage ou<br />

de l’expert, selon le cas. C’est pour cela que toute proposition dialectique a la<br />

nature d'une demande : « <strong>La</strong> proposition dialectique est une demande. » 330 Et<br />

c’est cette opération supplémentaire qu’appelle cette forme d’abord interrogative.<br />

Le dialecticien ne demande pas si ce qu’il suggère comme proposition<br />

est vrai, puisqu’il agit justement dans la mesure où ce jugement ne peut s’effectuer,<br />

où l’on a besoin d’un succédané au vrai et au propre. Autrement, on<br />

retourne au domaine démonstratif. En posant d’abord sous forme<br />

interrogative sa proposition, le dialecticien demande si l’on accorde qu’elle<br />

est endoxale, à savoir admise de tous, du sage, de l’expert. C’est bien cette<br />

précision sur la nature de la réponse à la demande dialectique qu’il faut voir<br />

dans la suite de la définition d’Aristote : « Ó ı <br />

˘ 331 332 ¢ ¢ Û ¢ . » 333 En<br />

330Top., I, 10, 104a8. Une traduction inadéquate du mot ˘ diminue vite<br />

l’intelligibilité <strong>des</strong> <strong>Topiques</strong>. En effet, ce que le mot désigne est assez représentatif du<br />

propos du livre VIII pour qu’Alexandre (In VIII Top., 520, 5) ait pu rapporter comme son<br />

titre traditionnel : « Ú Ú Û. » Demande convient incontestablement<br />

mieux qu’interrogation (Tricot, 156a13, 157a22, 158a25 et passim ; Brunschwig,<br />

104a8) ou question (Tricot, 157b7, 158a27, 160a34 et passim ; Brunschwig, 102a33,<br />

35, 108a23ss., 112a14), qui engendrent fatalement une impression à contresens. Interroger<br />

et questionner ont une connotation plus large que demander. On demande quelque chose de<br />

très précis, et, pour une demande, on s’attend à trouver le principal de la réponse dans un<br />

accord ou dans un refus, motivé ou non ; tandis qu’on interroge sur quelque chose, on pose<br />

<strong>des</strong> questions de formes très diverses, en réponse auxquel<strong>les</strong> on s’attend à <strong>des</strong> discours, à<br />

<strong>des</strong> définitions. Or le contexte de la demande dialectique est celui d’un énoncé déterminé,<br />

dont il s’agit simplement de s’enquérir si l’interlocuteur l’accorde ou non comme endoxal<br />

(voir Top., VIII, 2, 158a14-24). De plus, osciller, comme le fait Tricot, d’un synonyme à<br />

l’autre sans se fixer sur l’un systématiquement fait oublier la manière très technique dont<br />

Aristote s’exprime. Pour toutes ces raisons, je traduis de manière constante et ses<br />

dérivés (˘, Û) par demander et <strong>des</strong> dérivés (demande, formuler <strong>des</strong><br />

deman<strong>des</strong>).<br />

331Donc un énoncé qui ne comporte pas d’évidence intrinsèque et définitive…<br />

332… mais qu’on est spontanément incliné à penser et que de fait tous ou la plupart ou <strong>les</strong><br />

sages pensent.<br />

120

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!