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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

position, on ne comprend pas qu’elle soit une proposition considérée absolument,<br />

mais plutôt qu’elle soit une proposition conclue [regardée] selon son ordonnance<br />

à ses <strong>principes</strong>, de sorte que le nom de proposition dise d’une certaine<br />

manière une position en préférence à une autre et implique toute la substance<br />

d’un raisonnement et d’un syllogisme objecteur. 612<br />

<strong>La</strong> solution de saint Albert est intéressante, mais l’on s’y heurte à deux<br />

difficultés importantes. Tout d’abord, elle fait parler un Aristote bien débonnaire,<br />

en un moment où l’on avait droit à son vocabulaire le plus rigoureux.<br />

Ensuite, elle pose la question de savoir comment le répondeur, en soulevant<br />

une objection, n’empiète pas franchement sur le rôle du demandeur, puisqu’il<br />

découvre et apporte alors lui-même un raisonnement plutôt qu’il ne juge de<br />

l’argument et <strong>des</strong> propositions apportés par son interlocuteur. C’est s’engager<br />

sur la voie qui ramène <strong>les</strong> deux fonctions à la même, simplement répartie<br />

entre deux personnes : chacune argumenterait, mais chacune pour sa position.<br />

<strong>La</strong> première difficulté se résout assez bien. Il s’agit, somme toute, de changer<br />

la perspective. Ce qui étonne, dans la solution de saint Albert, c’est qu’Aristote<br />

appellerait ı, proposition, ce qui serait précisément une conclusion.<br />

On peut ne pas le remarquer, parce que, en français, le logicien confond<br />

depuis longtemps <strong>les</strong> termes proposition et énoncé. Mais ce n'est pas le cas<br />

chez Aristote, qui définirait sûrement l’objection comme une Ô<br />

s’il la voyait effectivement comme une propositio conclusa, selon la suggestion<br />

de saint Albert. Autre embarras : Aristote appellerait proposition contraire<br />

une proposition contradictoire. Cela est sans doute moins frappant. Car<br />

le terme contraire peut se prendre dans le sens plus commun d’opposé,<br />

comme le fait souvent Aristote. Mais supposons un instant qu’Aristote<br />

s’exprime ici plus rigoureusement. Qu’entend-il par proposition ? Un énoncé,<br />

oui ; toutefois, non pas un énoncé conclu, mais un énoncé dont on va conclure<br />

autre chose, une partie d’un argument. Aristote désignerait donc strictement<br />

comme objection un énoncé, et un énoncé qui contrarie — qui s’oppose sans<br />

nécessairement contredire directement — la proposition d’un argument, et qui<br />

la contrarie en ce qu’il fonde et donne sa force et sa matière à un argument<br />

dont la conclusion, elle, contredit la proposition visée. Aristote confirme lui-<br />

612S. Albert, In Prior. Anal., II, tr. 7, c. 7 .<br />

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