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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

tâtonnements, essais et erreurs. À plus forte raison, <strong>les</strong> problèmes dont la<br />

solution requiert <strong>des</strong> connaissances encore à acquérir commandent-ils effort<br />

et travail. Aussi, la raison, exposée inévitablement à une grande indétermination<br />

dans son mouvement naturel, doit-elle tirer de l’expérience et de la<br />

réflexion <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> d’une conduite plus sûre. Aristote a consacré la majeure<br />

partie de son Organon à l’explicitation de tel<strong>les</strong> règ<strong>les</strong>.<br />

« Tous <strong>les</strong> hommes désirent naturellement savoir » 86, et savoir parfaitement,<br />

rigoureusement, en vérité. N’importe quelle préconception sur <strong>les</strong><br />

termes d’un problème n’est donc pas également bienvenue pour enraciner sa<br />

solution. Quand elle se heurte à une difficulté, la raison humaine en cherche<br />

le principe de solution dans <strong>les</strong> notions <strong>les</strong> plus sûres qu'elle possède, dans<br />

cel<strong>les</strong> qui lui font voir <strong>les</strong> choses en ce dont leur existence et leur mouvement<br />

dépend le plus nécessairement. C’est d’ailleurs seulement sous ces conditions<br />

que la raison sait strictement, qu'elle sait de science 87. Ce sont naturellement<br />

là <strong>les</strong> <strong>principes</strong> et le cheminement que la raison préfère et qui la satisfont le<br />

mieux. Cependant, pareille excellence dans la connaissance n’est pas son lot<br />

habituel. Peu de sujets s’y prêtent : seulement <strong>les</strong> sujets nécessaires ou<br />

constants, insiste Aristote 88. Aussi, la matière morale, par exemple, où l’on<br />

traite <strong>des</strong> actions humaines, toujours circonstanciées, exclut-elle d’avance la<br />

résolution en de tels <strong>principes</strong>. Et même pour <strong>les</strong> sujets qu’il est possible d’y<br />

enraciner, ce n’est jamais tout de suite, dès ses premiers efforts, que la raison<br />

y arrive 89 ; disposer en toutes matières de ses <strong>principes</strong> <strong>les</strong> plus vrais et néces-<br />

86Mét., , 1, 980a21.<br />

87« Nous pensons connaître chaque objet de manière strictement scientifique ... quand<br />

nous pensons connaître la cause grâce à laquelle il est, que celle-ci en est bien la cause et<br />

que cela ne pourrait en aller autrement. » (Sec. Anal., I, 2, 71b9-12) — « Si donc connaître<br />

de manière scientifique est tel que nous l’avons posé, nécessairement aussi la science<br />

démonstrative procède de choses vraies et premières et immédiates et plus connues et<br />

antérieures et causes de la conclusion. » (Ibid., 71b19-22)<br />

88Voir Sec. Anal., I, 30.<br />

89Cela ne vaut d’ailleurs pas seulement dans l’ordre de la découverte, mais aussi lors de la<br />

transmission de choses déjà connues, qui ne peut s’effectuer premièrement et exclusivement<br />

par démonstration, sans préparation. « Il faut que le savoir se fasse opinion pour être reçu<br />

<strong>des</strong> hommes. » (Aubenque, Le Problème de l’être…, 264)<br />

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