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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

sophistes : « Mais vois-tu, Eudicos, » se plaint Hippias, « Socrate jette toujours<br />

du trouble dans <strong>les</strong> discussions et on dirait qu’il cherche à faire du<br />

mal » 737. Cela ne peut aller autrement, car celui qui se consacre à son prestige<br />

plutôt qu’à l’investigation en cours n’admet pas facilement son ignorance ou<br />

sa mauvaise disposition. Immanquablement, il s’irrite et projette sa mauvaise<br />

intention sur celui qui ose le soumettre à l’épreuve 738. On allonge, disais-je,<br />

puisque la dissimulation de la conclusion se fait en demandant autre chose, en<br />

surface, que <strong>les</strong> propositions nécessaires à l’examen : <strong>des</strong> propositions antérieures<br />

dont on pourra conclure ou induire cel<strong>les</strong>-là, ou <strong>les</strong> inférer immédiatement<br />

par quelque artifice de langage, jeu d’homonymie, de termes coordonnés,<br />

et ainsi de suite 739. Aristote donne ainsi, dès le premier chapitre du huitième<br />

livre, une bonne trentaine de procédés par <strong>les</strong>quels on puisse, en faisant<br />

ses deman<strong>des</strong>, « se tenir le plus loin de la position initiale » 740, montrant bien<br />

s’agit <strong>des</strong> tours appropriées, à l’intérieur de la discussion, pour avoir toujours raison, même<br />

quand on n’en est pas en droit. » (Kirchmann, Die Topik <strong>des</strong> Aristote<strong>les</strong>, 110) — « The<br />

sophist, as Aristotle <strong>des</strong>cribes him, is only the Dialectician looked at on the unfavourable<br />

side and painted by an enemy. » (Grote, Aristotle, 398) — « Le dialecticien est … sophiste<br />

par sa méthode. » (De Pater, 78)<br />

737 Hippias mineur, 373b.<br />

738De là toutes ces accusations d’insincérité portées contre Socrate : il réfute toujours,<br />

demande de préférence, ne répond pas comme il exige que <strong>les</strong> autres le fassent, prétend<br />

manquer de mémoire (voir Robinson, Plato's Earlier Dialectic, 8-10). Peut-être cela paraîtil<br />

peu vraisemblable, statistiquement, que tous ses interlocuteurs procèdent assez mal pour<br />

mériter pareil traitement. Mais n’est-ce pas de fait le cas ? Non seulement chez ceux qui<br />

discutent avec Socrate, mais dans pratiquement toutes nos discussions ? Qui présente à<br />

l’examen une position trop faible, répond mollement ou demande de travers ne commandet-il<br />

pas pareil traitement ? « Il ne faut justement pas se commettre à la légère avec <strong>les</strong> premiers<br />

venus, car c’est nécessairement un dialogue bien déficient qui s’ensuit et de fait ceux<br />

qui s’exercent sont alors incapab<strong>les</strong> d’éviter de faire du dialogue une dispute. » (Top., VIII,<br />

14, 164b12-15) Peut-être Platon, poussé par le souci didactique de bien souligner <strong>les</strong> procédés,<br />

en fait-il trop faire à Socrate. Mais il ne faut pas confondre automatiquement l’agressivité<br />

socratique, cet effort de départ de conclure à la mauvaise disposition, avec quelque<br />

méchanceté de mauvais aloi. Cette agressivité est l’attitude la plus normale et la plus<br />

souhaitable chez le probateur, et elle n’implique ni une connaissance de départ que le propos<br />

va se vérifier, ni quelque déception chez le probateur, si le propos ne devait pas se<br />

vérifier.<br />

739Voir Top., VIII, 1, 155b29-30 ; 155b35-b3 ; 156a27-30 ; 156a16-22.<br />

740Ibid., 156a12-13.<br />

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