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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

In many parts of the Topics, … the aim is mere conquest. 456 — <strong>La</strong> dialectique<br />

se définit essentiellement comme l’art de prévaloir dans une discussion<br />

par le moyen de la réfutation, c’est-à-dire d’une argumentation qui consiste à<br />

induire son propre adversaire en contradiction, en partant <strong>des</strong> prémisses qu’il a<br />

lui-même concédées. 457 — <strong>La</strong> situation dialectique fondamentale se définit<br />

simplement par la présence de quelqu’un qui soutient une thèse et d’un interlocuteur<br />

qui cherche à la démolir. 458 — <strong>La</strong> discussion dialectique est un jeu à<br />

deux ; le couple <strong>des</strong> partenaires incarne à la fois deux oppositions binaires,<br />

celle de l’affirmation et de la négation, celle de la victoire et de la défaite ; le<br />

phénomène dialectique naît de la conjugaison de ces deux oppositions. 459<br />

En exagérant de la sorte l’importance de l’élément conflictuel, on n’arrive<br />

plus à se représenter la conception proprement <strong>aristotélicienne</strong>. Si, en effet,<br />

on voit comme une partie intégrante de la situation dialectique fondamentale<br />

un conflit entre <strong>les</strong> personnes, si on place comme la première fin <strong>des</strong><br />

interlocuteurs de prévaloir l’un sur l’autre, comment en viendra-t-on à comprendre<br />

qu’Aristote fasse de l’acte dialectique un Ù , une œuvre<br />

commune du demandeur et du répondeur 460 ? Car, « pour <strong>les</strong> disputeurs, il<br />

n’est pas possible de viser tous deux la même fin ; en effet, il est impossible<br />

que plus qu’un ne vainque » 461. Dans la conception d’Aristote, il n’est pas<br />

question de conflit entre interlocuteurs, sauf dans le cas d’indisposition morale<br />

: et Aristote fournit alors <strong>des</strong> règ<strong>les</strong> pour aider à corriger la situation, en<br />

ramenant l’interlocuteur récalcitrant autant que possible à une meilleure colla-<br />

456Robinson, The Historical Background of Aristotle's Topics VIII, 440.<br />

457 Berti, 46.<br />

458Viano, <strong>La</strong> Dialettica in Aristotele, 41.<br />

459Brunschwig, xxiii ; c’est moi qui souligne.<br />

460Si l’on s’essaie malgré tout à proposer une fin commune aux interlocuteurs vus comme<br />

<strong>des</strong> adversaires, on est contraint de s’en tenir, comme Brunschwig, à <strong>des</strong> formu<strong>les</strong> communes<br />

et peu convaincantes : « Cependant, le duel obéit à <strong>des</strong> règ<strong>les</strong> qui s’imposent également<br />

aux deux adversaires ; il ne s’agit pas de vaincre à tout prix ; la victoire peut être mal<br />

acquise, et la défaite honorable. En dehors et au-<strong>des</strong>sus de leurs fins propres, <strong>les</strong> partenaires<br />

ont une fin commune, en vue de laquelle ils unissent leurs efforts, et qui est de donner à leur<br />

affrontement un contenu riche et une forme régulière. » (Brunschwig, xxiii) Cela n’est pas<br />

convaincant parce que, comme adversaires, chacun cherchera à produire, lui, un contenu<br />

riche, à respecter, lui, <strong>les</strong> règ<strong>les</strong>, mais à empêcher l’autre de le faire. Alors, d’une œuvre<br />

commune, plus rien.<br />

461Top., VIII, 11, 161a39-b1.<br />

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