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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

opération 251. Mais la dialectique est encore — son nom s’étend jusque là et<br />

on parle d’elle ainsi dans le langage le plus ordinaire — un EXERCICE.<br />

1. <strong>La</strong> dialectique, un exercice<br />

Qu’est-ce à dire ? Que la dialectique est l’occasion privilégiée, pour la<br />

raison, de se garder en mouvement 252, de poser son acte le plus caractéristique,<br />

raisonner, et d’entretenir et développer sa facilité à ce faire. Démontrer<br />

est aussi raisonner, c’est même raisonner plus puissamment. Mais c’est un<br />

acte rare, car on ne démontre qu’après avoir franchi plusieurs étapes ; c’est<br />

en quelque sorte un acte unique, du fait qu’une seule démonstration suffit à<br />

engendrer la science, alors que de multip<strong>les</strong> attaques sont requises contre une<br />

position pour accréditer l’opinion opposée. Démontrer constitue donc plutôt<br />

un terme qu’un exercice ; c’est justement pour exécuter plus facilement cet<br />

acte ultime que la raison a besoin d’être bien exercée.<br />

Or qu’est-ce qu’un exercice ? C’est une activité dont l’effet est de développer<br />

en la faculté qui y est soumise une aisance et un rendement accrus dans<br />

ses opérations propres. Quelle activité ? Essentiellement, il s’agit justement<br />

de ces opérations dont il faut améliorer la performance. De sorte qu’à la limite,<br />

tout usage d’une faculté lui est exercice 253, en regard <strong>des</strong> occasions ultérieures<br />

où elle posera <strong>les</strong> mêmes opérations. C’est en courant qu’on s’exerce à<br />

courir, en sautant que l’on arrive à sauter de plus en plus haut et facilement ;<br />

251 « Son utilité est de parfaire la raison en ce qu’elle est modelée par <strong>des</strong> conceptions et<br />

tournée vers <strong>les</strong> aspects extérieurs <strong>des</strong> choses à connaître. » (S. Albert, In I Top., tr. 1, c. 1)<br />

252« Exerceo… : 1o poursuivre, chasser… ; 2o agiter, ne pas laisser en repos… ; par<br />

affaiblissements successifs : “travailler”, e. humum ; puis “pratiquer, exercer” (avec un<br />

complément de chose, e. artem, ou de personne, e. aliquem, e. se).» (Ernout et Meillet, 205)<br />

253Le mot de Victorinus rapporté par s. Albert est éclairant sur ce rapprochement entre<br />

l’usage et l’exercice : « Selon Victorinus, en effet, c’est la nature qui habilite à de tel<strong>les</strong><br />

activités ; l’art et la science y donnent facilité ; et l’usage y rend puissant. C’est pourquoi<br />

on trouve la perfection de la nature dans la science et l’art, vertus intellectuel<strong>les</strong> et ultime<br />

bien de l’intelligence ou de la raison qu’il concerne. Mais la perfection du savant réside<br />

dans l’usage et l’exercice, car, comme le dit le Philosophe, c’est l’exercice qui constitue la<br />

cause de la puissance, ou de la faculté. Une faculté, en effet, n’est rien d'autre qu’une<br />

puissance rendue facile, qui élicite facilement et à volonté l’acte de l’habitus et opère sans<br />

empêchement. » (S. Albert, In I Top., tr. 1, c. 1)<br />

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