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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

somme, on pourrait rendre avec plus de précision encore l’idée d’Aristote en<br />

disant que la proposition du dialecticien est nécessairement une demande,<br />

et la réponse à cette demande. <strong>La</strong> simple formulation d’un énoncé en<br />

contexte dialectique est une demande en ce qu’elle appelle inévitablement le<br />

discernement de son caractère endoxal, paradoxal ou problématique ; et cet<br />

énoncé ne devient vraiment une proposition, et la partie légitime d’un argument,<br />

qu’après la réponse qui l’accorde de quelque façon 334 comme endoxal,<br />

en y repérant l’autorité ou du commun, ou du sage, ou de l’expert. Parmi tous<br />

<strong>les</strong> commentateurs <strong>des</strong> <strong>Topiques</strong>, c’est peut-être saint Albert qui l’a le mieux<br />

compris et exprimé. Quoiqu’on retrouve chez lui, en cela encore, <strong>les</strong> difficultés<br />

propres à sa manière d’écrire, trop concise et pourtant lourde. Je traduis ici<br />

assez librement, pour jeter une plus grande clarté sur le propos ; mais je<br />

donne le texte latin en note.<br />

Une proposition dialectique est une demande, en ce qu’elle comporte un<br />

doute sur le fait que la plupart l’accordent. Car, bien sûr, <strong>les</strong> choses qui sont<br />

tout simplement manifestes, ou déjà accordées par la plupart, ne comportent<br />

pas ce doute, et tous <strong>les</strong> accordent forcément. Et cel<strong>les</strong> qui sont manifestement<br />

fausses, personne ne <strong>les</strong> poserait comme propositions... Mais une proposition<br />

dialectique implique la demande qu’on l'accorde comme probable, et pareil<br />

accord ne serait pas requis pour elle, si elle n’avait pas de fait à être<br />

approuvée. Or ce qui est manifestement faux ne peut pas être approuvé ; et ce<br />

qui est manifestement vrai n’a pas besoin de l’être : il est tout simplement<br />

assumé pour conduire à l’approbation d’autre chose. — En définissant, donc,<br />

la proposition dialectique selon son statut le plus strict, nous disons que la<br />

proposition dialectique est une interrogatio probabilis, une demande du<br />

probable, mais en le comprenant ainsi que probabilis soit de cas génitif,<br />

c’est-à-dire une interrogatio de probabili, une demande concernant le<br />

caractère probable de ce qui fournit la matière de la proposition dialectique.<br />

En domaine probable, en effet — du fait qu’il soit posé d’après le<br />

jugement de celui à qui il est proposé, selon qu’il lui semble qu’il en soit ou<br />

non ainsi — il faut demander d’un répondeur un jugement et un accord, avant<br />

333Top., I, 10, 104a8-10 : « <strong>La</strong> proposition dialectique est une demande endoxale auprès<br />

de tous ou de la plupart ou <strong>des</strong> sages. »<br />

334Car ce n’est pas toujours très directement que cette autorité est perçue. Comme le<br />

détaille à plusieurs reprises Aristote (voir Top., I, 10 et 14), c’est parfois simplement dans<br />

une ressemblance — ou dans une non-contrariété, ou une alliance dans la contrariété à autre<br />

chose — avec une proposition antérieurement jugée endoxale que l’on reconnaîtra le sceau<br />

de cette autorité.<br />

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