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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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1. L’enseignement<br />

Yvan Pelletier<br />

L’échange de raison à raison a pour motif la communication, une connaissance<br />

à transmettre. <strong>La</strong> situation privilégiée est donc la rencontre d’un demandeur<br />

qui sait vraiment avec un répondeur qui ignore, mais veut apprendre<br />

(dsv—rie). C’est la situation dite d’enseignement (E) (). À parler<br />

sans ambages, il n’y a pas alors dialogue au sens ordinaire de deux interlocuteurs<br />

égaux apportant chacun une participation de qualité comparable 642.<br />

Le dialogue d’enseignement est davantage un monologue, où celui qui a<br />

l’initiative, le savant, le maître, forme tout le discours et tout le raisonnement<br />

à lui seul, et où le répondeur, plutôt disciple que répondeur, a pour rôle<br />

d’écouter, de chercher à comprendre et de manifester s’il comprend ou non. À<br />

l’instar du demandeur dialectique, c’est le maître qui a l’initiative. C’est lui<br />

qui forme et propose tous <strong>les</strong> éléments du discours, c’est lui aussi, auparavant,<br />

qui fixe l’ordre de considération <strong>des</strong> problèmes. Mais, à la différence, il ne<br />

laisse pas le répondeur lui fixer son propos ; il n’attend pas non plus du<br />

répondeur une approbation sur ses <strong>principes</strong>, il ne lui demande pas d’exercer<br />

un discernement sur ce qu’il propose, il n’offre d’aucune manière au disciple<br />

l’occasion de refuser ou de contester quelqu’une de ses propositions ou de ses<br />

inférences. Demonstrator non interrogat. 643 Ce n’est pas dans la sympathie<br />

de son répondeur que le maître puise la garantie de ses <strong>principes</strong>, mais dans<br />

l’évidence directe <strong>des</strong> choses que ces <strong>principes</strong> décrivent. En effet, à strictement<br />

parler, « personne ne s’attaque à enseigner du faux » 644. Ce que propose<br />

le maître, ce sont <strong>les</strong> <strong>principes</strong> propres <strong>des</strong> choses dont il parle. « Sont<br />

d’enseignement <strong>les</strong> raisonnements conclus à partir <strong>des</strong> <strong>principes</strong> propres de<br />

642« Enseigner est autre chose que dialoguer. » (Réf. soph., 10, 171b1)<br />

643« Ù Ó Ì . » — « Il faut que le maître ne demande pas. »<br />

(Réf. soph., 10, 171b1) — « Aucun art, de ceux qui démontrent quelque nature, n’a besoin<br />

de demander. » (Ibid., 11, 172a15) — « Celui qui démontre ne demande pas mais prend. »<br />

(Prem. Anal., I, 1, 24a24)<br />

644Top., VIII, 5, 159a29-30. On peut, dans une discussion, montrer comment <strong>des</strong> conclusions,<br />

fausses de fait, suivent rigoureusement d’endoxes ; mais, comme l’enseignement, au<br />

sens strict où il est pris ici, procède de <strong>principes</strong> vrais et évidents, on ne peut jamais, là,<br />

montrer comment <strong>des</strong> conclusions fausses s’ensuivent rigoureusement : du vrai ne peut<br />

jamais suivre le faux.<br />

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