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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

ment, du fait de leur aptitude à se voir décrits en de tels énoncés généraux, <strong>les</strong><br />

lieux recevront en plus le nom de propositions, par lequel Aristote <strong>les</strong> désigne<br />

à l’occasion 934. De tel<strong>les</strong> propositions expriment <strong>les</strong> relations premières et<br />

immédiates qui fondent <strong>les</strong> arguments ; on peut donc aussi <strong>les</strong> qualifier de<br />

maximae, voyant en el<strong>les</strong> <strong>les</strong> propositions suprêmes. Appeler <strong>les</strong> lieux <strong>des</strong><br />

maximes indique bien leur primauté, leur puissance, leur universalité, bref, le<br />

fait que d’el<strong>les</strong> provient toute la force inférentielle <strong>des</strong> propositions propres à<br />

chaque argument. Voici comment l’explique Boèce :<br />

Or le lieu, ainsi qu’en est d’avis M. Tullius, est l’habitat de l’argument.<br />

Quelle valeur présente cette définition, j’en traiterai en peu de mots. L’habitat<br />

de l’argument, cela peut s’entendre … comme une proposition maxime… Certaines<br />

propositions sont connues d’el<strong>les</strong>-mêmes et n’ont rien d’antérieur par<br />

quoi el<strong>les</strong> puissent se démontrer ; aussi <strong>les</strong> appelle-t-on maximes et<br />

principa<strong>les</strong>. D’autres propositions, par ailleurs, reçoivent leur motif<br />

d’adhésion de ces premières et principa<strong>les</strong>. Nécessairement donc, cel<strong>les</strong>-là<br />

tiennent la preuve de toutes cel<strong>les</strong> dont on doute, qui font adhérer aux autres<br />

de telle manière que rien de plus connu qu’el<strong>les</strong> ne puisse se trouver. En effet,<br />

l’argument est ce qui fait adhérer à une chose d’abord douteuse et il doit luimême<br />

être plus connu et plus probable que ce qu’il fait ainsi accepter ; il faut<br />

donc que la force probative de tous <strong>les</strong> arguments se tire de ces maximes qui<br />

sont si connues d’el<strong>les</strong>-mêmes qu’el<strong>les</strong> ne demandent aucune autre preuve…<br />

Le lieu est donc, en un premier sens, une proposition maxime, universelle,<br />

principale, indémontrable et connue d’elle-même qui, dans <strong>les</strong><br />

argumentations, procure aux arguments et à leurs propositions toute leur<br />

fermeté. 935<br />

Malgré tout l’intérêt que présente l’explication de Boèce pour manifester<br />

la nature du lieu, il faut prendre garde qu’il n’a pas su éviter une grave confusion<br />

en la concevant. À sa façon de parler, on voit bien qu’il cherche, dans le<br />

lieu, un fondement au caractère endoxal de chaque prémisse prise en ellemême,<br />

à l’endoxalité matérielle de l’argument. Aussi faut-il ne recevoir que<br />

de manière très commune ses appellations, en <strong>les</strong> dégageant pour <strong>les</strong> appliquer<br />

à ce qui fonde la fermeté formelle de l’argumentation dialectique.<br />

934 et Ì : voir Rhét., I, 2, 1358a35 ; ı et Ì : voir Rhét.,<br />

II, 22, 1396b29.<br />

935Boèce, De diff. topic., II , 1185.<br />

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