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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

Moraux, dans un effort de traduire en clair ce huitième livre <strong>des</strong> <strong>Topiques</strong>,<br />

dont est tirée la <strong>des</strong>cription que nous avons citée, écrit :<br />

Nous verrons deux partenaires aux prises, l’un cherchant, par une habile<br />

succession de questions, à établir une thèse donnée, l’autre, champion de la<br />

thèse opposée, devant, par ses réponses, empêcher le premier de conclure dans<br />

le sens qu’il s’était proposé. 492 — Le problème n’est pas une question qui<br />

exige comme réponse une définition ou une division : c’est une question à<br />

laquelle on peut répondre par oui ou par non. L’un <strong>des</strong> partenaires défendra<br />

donc la réponse oui et l’autre la réponse non, l’un en posant <strong>des</strong> questions,<br />

l’autre en y répondant. Le questionneur devra tendre à faire admettre au<br />

répondant <strong>des</strong> propositions d’où découlera nécessairement une conclusion<br />

identique à la réponse oui au problème posé. Connaissant le but ultime de son<br />

adversaire, le répondant s’efforcera d’empêcher celui-ci d’y arriver, en veillant<br />

à ne rien concéder qui se puisse retourner contre lui. 493<br />

De plus, ce Û, que glisse Aristote dans l’intention radicale du<br />

répondeur dialectique, ne la situe-t-il pas complètement au niveau de l’apparence<br />

? Le répondeur doit-il veiller à faire quelque chose, ou simplement à en<br />

donner l’impression ?<br />

De fait, cette utilisation de Û témoigne de la difficulté qui<br />

empêche, dans la pratique, de s’en tenir au comportement idéal ; elle laisse<br />

entendre, aussi, combien peu ce serait utile de ne fournir <strong>des</strong> règ<strong>les</strong> qu’en vue<br />

de ce comportement idéal. Toutefois, il faut en bien saisir le sens. Aristote ne<br />

signifie pas ici, comme c’est le cas ailleurs 494, une simple apparence dépourvue<br />

de réalité. Ce qu'il prescrit au répondeur, c’est de faire très manifestement<br />

ce qu’il a à faire. Qu’en plus de le faire, il ait aussi tout l’air de le<br />

faire et qu’on n’ait pas l’occasion d’en douter 495. En somme, l’implication<br />

492P. Moraux, 277.<br />

493Ibid., 280.<br />

494Mais souvent, alors, Aristote indique ce sens en niant explicitement l’être, comme<br />

c’est le cas en bien <strong>des</strong> endroits <strong>des</strong> Réf. soph. Par exemple : « Ú Ù Ú<br />

, ¡ Ó , ¡ Ã Ô, Û Ó, Ï Û. » — « Tel<br />

raisonnement et telle réfutation l’est, telle autre ne l’est pas mais en a tout l’air en raison de<br />

l’inexpérience. » (Réf. soph., 1, 164b25-26)<br />

495Ce sens de Û est d’ailleurs plus radical pour le mot. Bailly ne fait intervenir<br />

la fausse apparence que comme un dernier aspect du troisième et dernier sens de l’usage<br />

moyen de ce verbe. Partout prévaut l’idée de briller, de se montrer, d’être manifestement.<br />

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