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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

ce qu’il apprend dans ce qu’il sait déjà. Il le fait le plus excellemment quand il<br />

dispose, devant un problème, de notions déjà connues avec une parfaite<br />

évidence, et où ce problème puisse se résoudre rigoureusement. Mais que faitil<br />

lorsque cette évidence manque ? Où va-t-il spontanément chercher <strong>des</strong> <strong>principes</strong><br />

substituts ? Ce sont ces questions qu’il faut poser pour entrer dans <strong>les</strong><br />

vues d’Aristote 94. Car il respecte trop la nature pour vouloir, comme <strong>les</strong> pères<br />

de la philosophie moderne, sevrer la raison de ses propensions naturel<strong>les</strong> au<br />

profit de quelque idéal inaccessible. Son attitude, au contraire, consiste à<br />

prendre conscience de ces propensions et à observer comment la raison en tire<br />

le meilleur profit.<br />

A. Affinité naturelle entre raison et vérité<br />

En l’absence d’évidence parfaite, la réaction spontanée de la raison<br />

humaine, telle que l’interprète la mentalité <strong>aristotélicienne</strong>, c’est de se faire<br />

confiance, c’est de se fier à sa propre nature. Pour bien saisir ce point, il faut<br />

se remettre à l’esprit certaines conceptions fondamenta<strong>les</strong> d’Aristote sur la<br />

nature en général et sur la nature de l’homme en particulier. Aristote s’émerveille<br />

constamment de l’ordre et de la beauté qu’il perçoit dans la nature. Sa<br />

philosophie naturelle consiste d’abord à découvrir l’ordre et surtout la finalité<br />

que la nature met dans son œuvre. C'est un principe ferme, pour Aristote, que<br />

94« Quant au fait que la dialectique se meut non de prémisses vraies et premières, comme<br />

la démonstration, mais de prémisses qui appartiennent à l’opinion, il ne suffit pas d’en<br />

prendre simplement acte, comme bien <strong>des</strong> interprètes ont coutume de le faire, mais il est<br />

nécessaire d’en comprendre la raison : c’est en elle, de fait, que réside l’âme véritable de la<br />

dialectique. » (Berti, 38 ; c’est moi qui souligne) C’est fort bien poser la question ; malheureusement,<br />

Berti n’y répond pas. Il croit que c’est l’intention de réfuter qui justifie ainsi la<br />

raison de recourir à <strong>des</strong> <strong>principes</strong> moins parfaits et, pour le croire, il appauvrit outre mesure<br />

l’autorité de l’opinion : « Voici le motif pour lequel la dialectique se meut de prémisses qui<br />

appartiennent à l’opinion : elle veut essentiellement réfuter, mais pour réfuter il est nécessaire<br />

de se mouvoir de prémisses concédées par l’adversaire, et <strong>les</strong> prémisses concédées par<br />

l’adversaire sont, en tant même justement qu’el<strong>les</strong> sont pensées de lui, <strong>des</strong> opinions. »<br />

(Ibid., 44)<br />

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