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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

d’autant plus appréciée de la raison qu’elle constitue, sinon le niveau le plus<br />

excellent de la connaissance humaine, du moins l’acte cognitif le plus<br />

proportionné à la raison et à son objet le plus coutumier. Ces énoncés, non pas<br />

évidents mais seulement sympathiques, fournissent pour ainsi dire le terrain<br />

ordinaire où se meut la raison humaine 111.<br />

B. Le critère <strong>des</strong> propositions dialectiques légitimes<br />

Suggérer un pareil succédané pour l’évidence ne va pas sans soulever<br />

quelque difficulté. Ni Aristote, ni aucun de ses interprètes n’ont décrit en ces<br />

termes la matière dialectique. Il ne faudrait cependant pas croire que c’est là<br />

une façon de parler tout à fait étrangère à Aristote 112. Lorsque, à la fin <strong>des</strong><br />

<strong>Topiques</strong>, celui-ci revient sur le profit à tirer de l’activité dialectique comme<br />

préparation au travail scientifique, il signale qu’une raison bien constituée<br />

choisit aisément le vrai et rejette facilement le faux parce que, spontanément,<br />

ils apparaissent respectivement aimable et haïssable.<br />

111 « ‘<strong>Dialectique</strong>ment’ ne semble alors équivalent à ‘vide’ que dans <strong>les</strong> cas où l’on se sert<br />

<strong>des</strong> métho<strong>des</strong> dialectiques sans nécessité. » (De Pater, Les <strong>Topiques</strong>…, 80)<br />

112Ou encore à Platon. Comparer : « Précise donc pour nous laquelle de ces positions tu<br />

crois qu’on puisse dire ton amie (Û ). » (Sophiste, 222b) Il est frappant aussi de<br />

remarquer combien souvent, chez Platon, le ridicule se fait le symptôme de ce qui ne peut<br />

ainsi servir de principe de recherche. Par exemple : « On en subit bien <strong>des</strong> conséquences<br />

ridicu<strong>les</strong> () pour la position et contraires à elle. » (Parménide, 128d) Platon, bien<br />

sûr, n’est pas Aristote et on craindra que de le citer n’éclaire pas directement la conception<br />

<strong>aristotélicienne</strong>. C’est que, d’une part, on voit généralement trop en opposition <strong>les</strong> conceptions<br />

platoniciennes et <strong>aristotélicienne</strong>s de la dialectique et que, de l’autre, on sous-estime<br />

la part de naturel dans le comportement <strong>des</strong> protagonistes platoniciens. Concrètement, <strong>les</strong><br />

interlocuteurs <strong>des</strong> dialogues de Platon illustrent assez exactement <strong>les</strong> préceptes qu’Aristote<br />

dégage théoriquement dans <strong>les</strong> <strong>Topiques</strong>. J’apporterai-je abondamment Platon en note, à la<br />

fois en guise d’illustration utile <strong>des</strong> considérations théoriques du texte aristotélicien et <strong>des</strong><br />

efforts de l’interpréter, de confirmation de la parenté Platon-Aristote et d’indice du caractère<br />

naturel et non personnel ou arbitraire de ce qu’Aristote veut décrire.<br />

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