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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

Aristote est d’autant plus immanquable qu’il décrit <strong>les</strong> deux responsabilités<br />

du sage avec le vocabulaire traditionnel <strong>des</strong> fonctions dialectiques :<br />

Pour la dire point par point, la fonction de celui qui sait, c’est, pour chaque<br />

sujet, d’abord de ne pas lui-même parler faussement de ce qu’il sait ; c’est<br />

ensuite de pouvoir démasquer celui qui en parle faussement. Or ces fonctions<br />

se retrouvent l’une dans la capacité d’accorder la raison ( ı),<br />

l’autre dans celle de l’obtenir (). 516<br />

Et ces deux fonctions, quoi qu’il en paraisse, ne sont pas ennemies, mais<br />

complémentaires. Aussi fait-on un flagrant contresens, quand on prête à Aristote<br />

la pensée que le répondeur sera défait ou vaincu si le demandeur parvient<br />

à conclure en contradiction avec la position. Ainsi :<br />

Si [le demandeur] parvient à tirer de ces prémisses, par un raisonnement formellement<br />

valide, une conclusion opposée à la thèse soutenue par son interlocuteur,<br />

celui-ci ne pourra que reconnaître sa défaite, puisqu’il aura librement<br />

accepté <strong>les</strong> propositions qui entraînent la négation de celle qu’il s’était proposé<br />

de défendre ; il aura lui-même fourni à son adversaire la matière du raisonnement<br />

qui le confond. 517<br />

Au contraire, le demandeur et le répondeur gagnent ensemble, que la<br />

position soit détruite ou confirmée, à condition qu’ils aient usé de tout ce qui<br />

vaut pour détruire la position. Et ils perdent ensemble, soit par la faute du<br />

demandeur, si un motif valable d’attaque a été négligé, soit par la faute du<br />

répondeur, si on s’est servi, pour attaquer, de raisons qui ne valent pas. Le<br />

répondeur est plus heureux dans sa fonction à mesure que s’accumulent <strong>les</strong><br />

contradictions liées à sa position initiale, en conséquence <strong>des</strong> données qu’il a<br />

mission d’accorder et de poser : c’est l’occasion de raffiner cette position et<br />

d’éliminer <strong>des</strong> illusions de vérité. Et le demandeur n’est jamais plus en joie<br />

que lorsque la position, à force d’être émondée de ses faib<strong>les</strong>ses, lui devient<br />

de plus en plus difficile à attaquer et qu’il s’approche de l’évidence de sa<br />

vérité. Demandeur et répondeur, s’ils sont sains, font vraiment œuvre commune.<br />

Ils se complètent et loin d’eux <strong>les</strong> ruses pour se frauder mutuellement.<br />

Le répondeur ne voudrait pas priver le demandeur d’une arme valable contre<br />

la position investiguée ; et le demandeur aurait honte de profiter de l’inatten-<br />

516Réf. soph., 1, 165a24-28.<br />

517Brunschwig, xxxvii.<br />

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