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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

de commencer, que son propos se vérifie ; que <strong>les</strong> dés soient pipés, que<br />

l’examen soit feint, bref, que d’avance celui qui est mis à l’épreuve soit<br />

condamné. Il n’y a pas plus claire pétition de principe, il n’y a pas demande<br />

plus effrontée du propos initial. Il n’en est pas ainsi. <strong>La</strong> probatoire n’est pas<br />

simple jeu du chat-demandeur et de la souris-répondeur, elle n’est pas un<br />

simulacre de tribunal où <strong>les</strong> sentences seraient rédigées avant le début du<br />

procès. Toute la dialectique se passe par nature entre ignorants : entre<br />

ignorants de l’issue du problème, de l’endoxalité de la position et du propos<br />

initiaux, dans la situation proprement investigatoire ; entre ignorants de la<br />

rectitude <strong>des</strong> dispositions de l’interlocuteur, dans la situation probatoire.<br />

Ainsi, le dialogue probatoire se superpose au dialogue investigatoire dès qu’il<br />

y a lieu, pour un interlocuteur, de suspecter la rectitude <strong>des</strong> intentions et la<br />

validité <strong>des</strong> procédés de son vis-à-vis, ces intentions et ces procédés fussentils,<br />

de fait, enracinés dans la plus saine dialectique.<br />

1. Deux préoccupations complémentaires, deux opérations correspondantes<br />

Aussi doit-on décrire le dialogue probatoire comme tissé, à la façon du<br />

dialogue investigatoire, de deux préoccupations et opérations complémentaires,<br />

el<strong>les</strong> aussi irréductib<strong>les</strong> comme le sont <strong>les</strong> préoccupations et opérations<br />

attachées aux demandeur et répondeur. Car, si celui qui est mis à l’épreuve —<br />

appelons-le l’éprouvé, pour alléger notre vocabulaire — peut avoir intention<br />

et procédés droits, il faut que le logicien le munisse, lui aussi, <strong>des</strong> moyens par<br />

<strong>les</strong>quels il pourra le faire valoir, lorsque son interlocuteur jugera bon de le<br />

soumettre à quelque probation. À la fois le probateur et l’éprouvé ont besoin<br />

d’être guidés. Deux préoccupations prochaines font donc la trame de la probatoire.<br />

Celle du probateur est plus évidente : mû par quelque doute sur <strong>les</strong><br />

dispositions de son interlocuteur, demandeur ou répondeur, il va tout mettre<br />

en œuvre pour vérifier ce soupçon. Non pour conclure à tout prix en défaveur<br />

de son partenaire 723, mais pour le bien de l’examen mené en commun, qui<br />

723Ce doute et ce soupçon est une incertitude quant à l’ignorance de l’interlocuteur : peutêtre<br />

l’interlocuteur sait-il déjà ce qu’on cherche et pourrait-il l’enseigner. Ou peut-être croitil<br />

savoir alors qu’il ignore. Vérifions ! Ainsi : « Je mets en examen et je teste quiconque,<br />

citoyen ou étranger, je crois sage. Et quand il ne m’en fait plus l’impression, … je montre<br />

qu’il n’est pas sage. » (Apologie de Socrate, 23b)<br />

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