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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

cien est essentiellement tel par le fait qu’il attaque : quelque problème qu’on<br />

lui propose, il en cherche la solution en prenant brutalement d’assaut toute<br />

position suggérée à son endroit. De quoi a-t-il besoin pour ce faire, et pour ce<br />

faire avec facilité ? Du moyen de discerner quels endoxes causent du dommage<br />

à quel<strong>les</strong> positions. Ce moyen, ce sont <strong>les</strong> lieux. Et que sont <strong>les</strong><br />

lieux ? Aristote ne l’a pas beaucoup dit. Mais c’est normal, car le dialecticien<br />

est un praticien et il ne doit connaître du lieu que ce qu’il faut en connaître<br />

pour l’utiliser efficacement. Or, à cette fin, il suffit de savoir à quoi il sert et<br />

d’en posséder un certain mode d’emploi. Point n’est requis d’en sonder l’essence<br />

: il faut tout juste être habilité à reconnaître le lieu ; un simple portraitrobot<br />

fera assez bien l’affaire. De la même manière, il n’est pas requis de maîtriser<br />

à fond la mécanique ou l’informatique pour conduire une automobile ou<br />

manier un ordinateur ; l’usager se contentera légitimement de <strong>les</strong> connaître<br />

respectivement comme un moyen de transport et une machine à traiter <strong>les</strong><br />

textes. Pour la même raison, on ne trouve rien, chez Aristote ou chez ses commentateurs,<br />

en fait de définition du lieu dialectique ou rhétorique, sinon <strong>des</strong><br />

allusions soit à sa capacité de faire abonder en attaques, soit à la façon d’en<br />

faire usage. En tout cas, c’est à l’expression de sa fonction que se réduit la<br />

seule définition qu’Aristote propose du lieu : « L’élément et le lieu est ce en<br />

quoi retombent plusieurs enthymèmes. » 777 Et c’est à faciliter son usage en ce<br />

sens qu’est <strong>des</strong>tinée toute remarque qui dépasse le simple énoncé de chacun<br />

<strong>des</strong> lieux. Les théoriciens postérieurs n’ont généralement pas poussé plus loin<br />

la précision. Ils ont seulement multiplié l’analogie, de manière à faire imaginer<br />

plus concrètement de quelle manière le lieu remplit son office. À témoin<br />

Cicéron, dont <strong>les</strong> termes ont été adoptés ensuite par toute la tradition latine.<br />

<strong>La</strong> découverte <strong>des</strong> choses qui sont cachées est facile, quand le lieu en est<br />

indiqué et marqué. De même, lorsque nous voulons retracer un argument, nous<br />

devons en connaître <strong>les</strong> lieux. C’est ainsi, en effet, qu’Aristote appelle ces<br />

quasi habitats (se<strong>des</strong>) d’où sont tirés <strong>les</strong> arguments. C’est pourquoi il convient<br />

de définir le lieu l’habitat de l’argument (argumenti sedem). 778 — J’appelle<br />

lieux … <strong>les</strong> habitats <strong>des</strong> arguments, où ils sont cachés et d’où il faut <strong>les</strong><br />

777Rhét., II, 26, 1403a17.<br />

778Cicéron, Topica, 2. Voir aussi ibid., II, 7 ; De partibus orat., #5 ; De oratore, II, 147 et<br />

174.<br />

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