23.06.2013 Views

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Yvan Pelletier<br />

Tous <strong>les</strong> lieux ne jouissent pas d’une telle rigueur, et Aristote fait quelquefois<br />

remarquer que la mobilité de certains <strong>les</strong> expose à contenir <strong>des</strong> arguments<br />

apparents 913. Mais ces lieux déclinent, dans la même mesure, de l’essence du<br />

lieu dialectique, et leur utilité diminue d’autant. Le dialecticien cherche de<br />

préférence <strong>les</strong> lieux immobi<strong>les</strong> et ne se tourne vers d’autres qu’à regret et<br />

faute de mieux.<br />

Parmi <strong>les</strong> propriétés du lieu naturel, considérons maintenant <strong>les</strong> deux<br />

plus importantes. Tout d’abord, le lieu est quelque chose d’extérieur à la<br />

chose qu’il contient et indépendant d’elle : « Il n’est rien de la chose 914…, il<br />

peut la laisser échapper et il en est séparable. » 915 Il y a encore en cela plus<br />

qu’une analogie lointaine avec le lieu dialectique. Celui-ci n’est pas non plus<br />

une partie intégrale de l’argument : il n’est aucun de ses termes, ni aucune de<br />

ses propositions ; il n’est ni le rapport du moyen terme au sujet concerné, ni<br />

celui du moyen terme à l’autre extrême. Il n’est rien de l’argument, il est hors<br />

de lui et antérieur à lui, comme le lieu où vient à se placer une chose<br />

naturelle ; il n’est d’ailleurs normalement pas donné dans la discussion. Le<br />

lieu est, en outre, indépendant de l’argument : à l’imitation de ce qui se passe<br />

avec <strong>les</strong> choses naturel<strong>les</strong>, beaucoup d’arguments différents sont contenus<br />

tour à tour dans le même lieu et s’en tirent au besoin 916. Enfin, la seconde<br />

propriété du lieu naturel est précieuse pour éclairer le lieu dialectique. On<br />

n’en trouve toutefois la remarque chez aucun interprète récent ; cela est<br />

compréhensible, ce caractère aristotélicien du lieu naturel se trouvant étranger<br />

à la notion du lieu dans la vision du monde issue <strong>des</strong> sciences expérimenta<strong>les</strong>.<br />

« Non seulement le lieu est quelque chose », dit Aristote dès le début, « mais<br />

encore il détient une certaine puissance ; en effet, chaque [être naturel] se<br />

porte vers son propre lieu, s’il n’en est pas empêché. » 917 Cette propriété est<br />

913Voir Top., II, 5, 111b32; Rhét., II, 23, 1400b2.<br />

914Phys., IV, 4, 210b34.<br />

915Ibid., 211a2.<br />

916À mettre en rapport avec la seconde propriété attribuée au lieu par Théophraste : <br />

Ó ı, Indéterminé quant aux singuliers (Alexandre, In Top., prooemio,<br />

5, 25).<br />

917Phys., IV, 1, 208b10-12.<br />

326

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!