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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

tement aptes à disposer au mieux du problème, et seul le caractère commun et<br />

extrinsèque de son matériau le distingue du savant 483. À la limite, rien ne le<br />

réjouit davantage que d’avoir pris appui, à son insu, sur <strong>les</strong> <strong>principes</strong> <strong>les</strong> plus<br />

proprement scientifiques de son objet. Mais la situation idéale se réalise peu<br />

souvent, et alors, de manière facilement précaire et éphémère ; de plus, quand<br />

elle arrive, c’est plus facilement le cas d’un seul homme. Aussi est-il assez<br />

naturel qu’Aristote parle comme si, pratiquement, dès qu’on n’a pas démonstration,<br />

et encore plus dès qu’on est deux, il finit toujours par y avoir quelque<br />

disposition manquante qui oblige à donner au dialogue un tour plus ou moins<br />

probatoire, disputatif, et à user, entre autres procédés, de dissimulation 484.<br />

Je reviendrai plus loin sur cette situation qualifiée de probatoire, où<br />

demande et réponse ne peuvent pas du tout se jouer dans la même<br />

personne 485. Mais auparavant, il faut préciser davantage <strong>les</strong> fonctions exactes<br />

du demandeur et du répondeur dans une investigation toute simple, normale,<br />

sans teinte ou déviation, et indépendamment de ce qu’el<strong>les</strong> soient assumées<br />

par une seule ou par deux personnes 486. Car <strong>les</strong> fonctions sont irréductib<strong>les</strong> en<br />

483 Il n’y a pas de doute, par exemple, qu’il faille associer <strong>des</strong> traits comme celui mentionné<br />

par Aristote dans le texte ci-haut cité — ne pas aligner son comportement sur la crainte<br />

que l’interlocuteur ne concède pas ce qui permet le plus utilement de voir clair dans le problème<br />

— aux interlocuteurs vraiment axés sur l’investigation ; et qu’en revanche il faille<br />

leur nier ce besoin de dissimulation qui ne peut se comprendre qu’en contexte de dispute au<br />

moins larvée. Il en est de même en d’autres endroits, quand, par exemple, Aristote fait<br />

allusion à la difficulté spéciale que présente la vitesse d’exécution, dans un dialogue extérieur,<br />

par opposition à toute l’aise que peut se permettre le chercheur solitaire pour fourbir<br />

et résoudre ses arguments. Ainsi : « Il y a très grande différence qu’on se fasse demander ou<br />

pas, pour ce qui est de résoudre une raison ; dans le premier cas, en effet, il est difficile de<br />

prévoir, mais, à loisir, il devient facile de voir. » (Réf. soph., 18, 177a6-8 ; voir aussi Réf.<br />

soph., 16, 175a20ss) Or rien n’empêche deux interlocuteurs, si leur premier souci est vraiment<br />

d’y voir clair, de se permettre tout le loisir nécessaire à la rigueur de leur investigation.<br />

484« Bien sûr, <strong>les</strong> propositions qui ont trait à la dissimulation sont à fin de dispute ; mais,<br />

comme tout travail de cette nature se fait avec un autre, on en use nécessairement aussi. »<br />

(Top., VIII, 1, 155b26-28)<br />

485Voir <strong>La</strong> Probatoire, chapitre suivant.<br />

486« On doit premièrement définir ce qu’est l’œuvre (Û ) du bon répondeur, ainsi<br />

que du bon demandeur. » (Top. VIII, 4, 159a16-18)<br />

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