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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

de la nourriture qu’on lui apporte tant qu’on n’en évacue pas <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong><br />

internes ; de même, pensent-ils quant à eux à propos de l’âme, celle-ci ne peut<br />

tirer aucun avantage <strong>des</strong> connaissances qu’on lui apporte, tant que, la réfutant,<br />

lui faisant honte en la réfutant, et la délivrant ainsi <strong>des</strong> opinions qui font<br />

obstacle aux connaissances, on ne l’a pas rendue pure, ne croyant seulement<br />

savoir que ces choses précisément qu’elle sait, et pas davantage. 714<br />

B. <strong>La</strong> demande et la réponse probatoire<br />

Il est temps, maintenant, de regarder de plus près aux <strong>les</strong> intentions et <strong>les</strong><br />

moyens prochains du dialecticien dans sa dimension probatoire. Ici encore,<br />

cependant, il faut prendre garde au danger de la simplification excessive. Qui<br />

est le probateur, en effet ? Correspond-il de quelque façon au demandeur ou<br />

au répondeur de l’investigatoire ? On prétend généralement, et Aristote donne<br />

parfois occasion de le croire, que c’est une prérogative exclusive du demandeur<br />

715. Qu’en est-il de fait ? De plus, faut-il recevoir comme conforme aux<br />

faits l’impression, convoyée par <strong>les</strong> manières habituel<strong>les</strong> de s’exprimer, que la<br />

situation probatoire se limite à celle où l’un <strong>des</strong> interlocuteurs est mal disposé<br />

ou mal préparé à l’examen du problème ? 716 Dans <strong>les</strong> deux cas, il faut rejeter<br />

l’impression générale. Il faut, en effet, prendre conscience que le répondeur<br />

aussi peut avoir à soumettre le demandeur à l’épreuve. J’ai déjà 717 fait justice<br />

de la conception extrême qui, du répondeur, veut faire d’office le méchant qui<br />

fait semblant de savoir 718 et réserver pratiquement au demandeur l’insigne de<br />

714Sophiste, 230b-d.<br />

715« Le devoir de celui qui demande est justement la critique. » (Berti, 42) Interprétant à<br />

sa façon une remarque de la fin <strong>des</strong> Réf. soph., Berti fait dire à Aristote que « la dialectique<br />

considérée en elle-même ( Õ) consiste essentiellement en la critique » (Ibid.).<br />

Voir Meyer (284), qui assimile la demande à la probation (critique) et la réponse à la<br />

solution : « Plato seems to dissociate himself here from Socrates … when he emphasized<br />

the answer and not the question, the solution (truth, science) and not critical examination. »<br />

716« <strong>La</strong> probatoire est une espèce de dialectique et considère non pas celui qui sait, mais<br />

celui qui ignore et prétend savoir. » (Réf. soph., 11, 171b4-6)<br />

717Voir supra, 131ss.<br />

718Comparer : « Celui qui répond, en tant qu’il répond, prétend savoir… L’autre partie de<br />

la dialectique, celle qui met en condition de rendre raison comme si l’on savait, lui<br />

appartient seulement à cause de la ressemblance avec la sophistique. » (Berti, 42)<br />

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