La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La dialectique aristotélicienne
encore de la même façon que les principes techniques d’ingénierie se rapportent
aux lois physiques.
Un lieu comporte toujours, que la méthode l’explicite ou non, cette articulation
: une affinité d’attribution identifiable à une différence, descriptible
en une maxime et débouchant sur des opérations qu’un précepte peut détailler
pour faciliter l’abondance en arguments. Rien ne change à l’essence du lieu,
si Aristote en tait souvent la maxime ou s’il l’énonce quelquefois seule, sans
manifester dans un précepte les opérations qu’elle justifie 967. De même, personne
ne soulignera comme un type de lieux à part ceux dont Aristote donne
seulement la différence avec un exemple 968 ou même la différence sans
plus 969. Certains lieux, auxquels leur présentation donne l’allure de simples
conseils pratiques, fournissent une occasion plus troublante de manquer cette
articulation 970. De fait, on est parfois déconcerté si l’on attend trop rigidement
la même approche, derrière les indices ordinaires du précepte et de la
maxime : l’infinitif ou l’adjectif verbal, et la particule Ì, dont De Pater et
Stump font grand cas. De Pater bute ainsi sur le lieu suivant :
De plus, obtenir 971 sous le nom plus connu. Par exemple, obtenir, dans la
demande, précis au lieu de pointilleux, et curiosité au lieu d’indiscrétion. Car
ce qu’on dit devenant plus connu, la position sera plus facile à attaquer. Ce
967Cela devient plus courant dans la Rhétorique. Voir II, 23, 1397a20 ; 1397b34 ;
1398a16. Voir aussi Top., VI, 6, 145a33.
968Voir Rhét., II, 23, 1398a31.
969Voir ibid., 1398a29.
970Des commentateurs en tirent argument pour affirmer que le lieu ne comporte pas
nécessairement une relation d’inférence. « A Topic is primarily a strategy rather than a
principle… and, of course, not every strategy requires a particular principle. » (Stump,
Dialectic and Aristotle's Topics, 172-173)
971Ì. Proposer, c’est toujours demander ; comme tel, Aristote le nomme
sous deux angles : simplement , demander, ou, plus subtilement, Ì,
obtenir, pour autant que proposer, c’est recevoir quelque chose d’un répondeur, c’est poser
avec son accord. Ì, ce sera obtenir une proposition à la place d’une autre,
avec un attribut ou un sujet à la place d’un autre. ’ı, à la ligne suivante, nomme la
proposition en tant qu’obtenue ; faute d’un terme exact — il serait difficile de nommer
obtention l’objet obtenu plutôt que l’acte d’obtenir — je traduis simplement par demande.
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