23.06.2013 Views

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

tout n’est pas vrai et nécessaire qui le semble à première vue. Certains énoncés,<br />

tant qu’on ne porte pas trop attention à leur sens, paraissent admis ou<br />

facilement admissib<strong>les</strong> de tous, à cause du ton d’autorité avec lequel ils sont<br />

prononcés, ou en raison d’un vocabulaire familier, ou pour un autre motif<br />

léger ; mais dès qu’on y porte attention, si on est doué de quelque capacité<br />

rationnelle, on en aperçoit tout de suite la radicale fausseté. Ces énoncés ne<br />

méritent jamais de fonder la réflexion humaine, quelque dépourvue qu’elle<br />

serait par ailleurs d’évidence directe sur <strong>les</strong> choses. Ils ne font pas l’objet de<br />

cette sympathie naturelle de la raison qui justifie l’endoxe.<br />

Tout ce qui a l’air endoxal n’est pas de ce fait endoxal. Car, rien de ce qu’on<br />

dit légitimement endoxal n’a tout à fait manifeste son aspect de pure apparence,<br />

comme c’est le cas pour <strong>les</strong> <strong>principes</strong> <strong>des</strong> raisons chicanières. C’est surle-champ,<br />

en effet, et la plupart du temps, pour <strong>les</strong> gens capab<strong>les</strong> d’entrevoir<br />

aussi <strong>les</strong> subtilités, qu’est très évidente en eux la nature de la fraude. 216<br />

216 Top., I, 1, 100b26-101a1 : « Ã Ï Ù ı Ú <br />

. ÃÓ Ï Ô ı ı <br />

Û, Ì Ú ı Ï Ô <br />

Ï Ú › Ú Ù ˆ Ú Ï Ô Ì<br />

à ˜ Ú ˜. » L’expression d’Aristote « ı <br />

Û » est difficile à traduire littéralement. <strong>La</strong> suggestion de Bonitz<br />

(Index aristotelicus, 811b3) d’y voir un équivalent de « È Û Ô » a le<br />

mérite d’en donner le contexte, le sens général, mais ne fait pas vraiment comprendre ce<br />

que dit Aristote. Cela revient en fait au même que de mettre en relation cette expression<br />

avec celle qu’Aristote donne lui-même (100b30) en explicitation : « Ì Ã<br />

˜ Ú ˜. » Voir Waitz (II, 440) : « ı <br />

Û, c’est Ì ˜ ˜ : en effet, Û ne<br />

signifie rien d’autre en ce lieu que ٠È ı (ı) . » Pourtant,<br />

l’intention d’Aristote est simple et apparaît clairement, dès qu’on a l’idée de recevoir<br />

Û comme forme substantive de Û (voir Waitz, ibid., qui renvoie à<br />

quelques textes aristotéliciens « où Û comporte à peu près la même notion que le<br />

verbe Û ») et qu’on tient compte du sens souvent péjoratif de ce verbe, en<br />

opposition à ∂, dans le contexte de la dialectique : « Ù Ú Ù<br />

¡ Ô ı ƒ Ô. » (Top., I, 1, 100b24-25) <strong>La</strong> Û, c’est ici<br />

l’apparence sans l’être. Le caractère <strong>des</strong> <strong>principes</strong> chicaniers, donc, qui empêche qu’on <strong>les</strong><br />

dise légitimement endoxaux, c’est qu’on voit trop immédiatement qu’ils ne sont pas ce<br />

qu’ils paraissent : ils ne sont pas admis de tous, <strong>des</strong> sages ou <strong>des</strong> experts, pour autant que<br />

ceux-ci s’arrêtent à en saisir le sens.<br />

77

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!