23.06.2013 Views

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

oui ! ou de formu<strong>les</strong> équivalentes, <strong>les</strong> suggestions du demandeur 561. Cette<br />

éventualité, toutefois, est concrètement très rare et ne se réalise en fait que<br />

dans <strong>des</strong> dialogues écrits, artificiellement dépouillés de tout le côté tentatif du<br />

travail du demandeur. On a alors un demandeur dont l’imagination et la<br />

découverte vont si peu au hasard, sont si bien dirigées que, d’une certaine<br />

façon, le travail du répondeur y est déjà presque tout intégré. On a un bon<br />

exemple de cette présentation économique du dialogue dans ceux de Platon.<br />

Mais il ne faut pas se méprendre. Derrière ce simple oui à répétition, il y a,<br />

chez un répondeur adéquat, une activité intense. Avant d’accorder<br />

extérieurement son oui, il a dû confronter la demande présentée avec<br />

plusieurs critères de vérification. C’est d’ailleurs à l’énumération et à la<br />

définition de ces critères et de leur mode d’emploi qu’Aristote consacre le<br />

plus gros du huitième livre, tant ceux-ci risquent d’être ignorés.<br />

Dans <strong>les</strong> réunions dialectiques, cependant, entre gens qui produisent leurs<br />

raisonnements non à <strong>des</strong> fins de dispute, mais à <strong>des</strong> fins de probation et<br />

d’investigation, on n’a pas encore expliqué nettement ce qu’il faut que le<br />

répondeur ait en vue et quoi il lui faut quoi il ne lui faut pas accorder, pour ce<br />

qui est de bien ou mal garder la position. Puisque donc nous ne disposons de<br />

rien qui nous aurait été transmis par d’autres, essayons nous-mêmes d’en dire<br />

quelque chose. 562<br />

De fait, à quels critères doit regarder le répondeur pour être à même de<br />

déterminer, au plus grand profit du dialogue, s’il doit accorder ou non <strong>les</strong><br />

deman<strong>des</strong> qui lui sont faites ? Complétons un peu ce que nous en avons déjà<br />

touché plus haut. Le point de mire du répondeur, ce seront <strong>les</strong> exigences auxquel<strong>les</strong><br />

doit satisfaire une proposition agressive, vraiment <strong>des</strong>tructive. Toute<br />

la tension du répondeur consiste à surveiller en quoi chaque demande ne<br />

satisfait pas à l’une quelconque de ces exigences. Il accorde la proposition, il<br />

doit l’accorder, mais seulement s’il ne trouve rien à retoucher au chapitre de<br />

561L’essentiel de la réponse, finalement, est un vote, pour recourir à l’imagerie suggestive<br />

de Platon : « ˆ Ó Û » — « Et toi, quel vote poserais-tu ? » (Protagoras,<br />

330c) — Il ne faut pas voir en contradiction le fait que Platon, via Socrate, s’en prend<br />

vertement ailleurs (voir <strong>La</strong>chès, 184c ss.) à qui veut tout régler au vote ; ce serait confondre<br />

<strong>les</strong> contextes : là un problème, sur quoi on doit mener enquête ; ici, un endoxe, sur lequel<br />

on note que tous, ou presque, se prononcent de la même façon.<br />

562Top. VIII, 5, 159a32-37.<br />

205

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!