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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

de même, c’est en raisonnant que la raison en vient progressivement à raisonner<br />

avec plus de facilité et de sûreté. Accessoirement néanmoins, certaines<br />

conditions s’adjoignent à l’opération, quand elle est posée à titre d’exercice,<br />

qui lui permettent de devenir plus efficace comme exercice. <strong>La</strong> plus notable<br />

est l’aspect de gratuité qui marque alors l’opération, laquelle se voit comme<br />

détachée de sa fin et de son principe naturels. <strong>La</strong> course, par exemple, se tend<br />

naturellement vers une <strong>des</strong>tination déterminée, qu’il faut atteindre dans le<br />

plus court laps de temps : c’est en cette <strong>des</strong>tination que réside toute sa raison<br />

d’être. Il en est de même du saut : en contexte naturel, il s’agit de surmonter<br />

un obstacle déterminé, et le saut qui ne permet pas ce résultat perd tout son<br />

intérêt. De même encore, l’escalade devient vaine, si elle ne conduit pas au<br />

sommet que l’on a besoin d’atteindre. Et, à regarder <strong>les</strong> choses par l’autre<br />

bout, <strong>les</strong> acteurs d’une course, d’un saut ou d’une escalade naturels ne commencent<br />

pas non plus leur opération n’importe où ni n’importe quand. Souvent<br />

même, une portion majeure de la difficulté rencontrée réside dans la mise<br />

en situation de départ. Le coureur, le sauteur et l’alpiniste naturels peuvent<br />

ainsi voir leur opération respective compromise avant de l’avoir commencée,<br />

faute de pouvoir atteindre le terrain propice à son exécution. Combien de<br />

chances a-t-on, en effet, de s’épuiser déjà dans <strong>les</strong> étapes requises pour se<br />

mettre en posture de commencer l’ascension de la montagne visée ! Et pourtant,<br />

pas question de commencer à courir, à sauter ou à grimper avant de se<br />

trouver vis-à-vis du parcours, de l’obstacle ou de la montagne. Tout autre est<br />

la condition d’exercice. Celui qui court ou saute pour s’exercer se moque de<br />

la <strong>des</strong>tination ou de l’obstacle proposé ; une <strong>des</strong>tination différente, un autre<br />

obstacle lui conviendrait tout aussi bien, car il n’y cherche qu’un prétexte<br />

pour courir ou sauter. Des conséquences importantes s’ensuivent : l’opération<br />

posée comme exercice s’interrompt et se reprend quand on veut 254 ; elle accepte<br />

d’être divisée, pour permettre d’en pratiquer chaque difficulté séparément<br />

; de plus, on en répète à volonté le tout ou la partie, tant que chaque<br />

mouvement n’en est pas devenu aussi facile à exécuter qu’on le souhaite.<br />

254Au point, d’ailleurs, qu’il faut arbitrairement fixer un temps pour l’exercice : une durée<br />

dont il faut décider quand elle commence et quand elle finit ; car, de soi, l’exercice n’est jamais<br />

fini et peut se prolonger indéfiniment.<br />

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