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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

Quand il est possible 444 de conduire le raisonnement au même propos sans<br />

réduire et en réduisant à l’impossible, il est indifférent que l’on raisonne de<br />

l’une ou l’autre manière, si l’on est à démontrer et non à dialoguer. Mais si on<br />

est à dialoguer avec un interlocuteur, on ne doit pas user du raisonnement qui<br />

réduit à l’impossible. Car face à celui qui a raisonné sans réduire à l’impossible,<br />

il n’est pas possible de contester. Mais chaque fois que l’impossible est<br />

le terme du raisonnement, on dit, à moins que la fausseté n’en soit par trop<br />

manifeste, que ce n’est pas impossible, de sorte que le raisonnement que <strong>les</strong><br />

demandeurs veulent ne se trouve pas effectué pour eux. 445<br />

À mieux voir ces distinctions, on évitera la confusion inhérente à cette<br />

conception qui réserve la réfutation à la dialectique et la réduction à la<br />

science 446. Berti, par exemple, en fait un point fort, dans son essai de faire de<br />

la dialectique la méthode de la philosophie première et dans sa recherche, à<br />

cette fin, d’un argument « qui ne présuppose rien de déjà connu » et « qui<br />

donne lieu à un résultat absolument nécessaire, c’est-à-dire qui soit de quelque<br />

façon une démonstration » 447 . Pour lui, la réfutation est essentiellement<br />

dialectique et tout à fait impropre à la science :<br />

<strong>La</strong> réfutation, comme argument délicieusement dialectique, ne dispose pas<br />

de prémisses adéquates à la construction d’aucune démonstration, mais doit se<br />

contenter de prémisses concédées par l’adversaire ; en conséquence, quand<br />

encore elle démontre que la thèse de l’adversaire contredit <strong>les</strong> prémisses qu’il<br />

a lui-même concédées, elle n’aura pas encore démontré que cette thèse est<br />

fausse, et, partant, que sa contradictoire est vraie. Aussi la réfutation ne peutelle<br />

jamais se convertir en preuve directe, mais a toujours besoin, pour se<br />

constituer, de l’adversaire, et même se constitue justement pour réfuter l’adversaire,<br />

c’est-à-dire avec une finalité essentiellement dialectique. 448<br />

Il y a de fait quelque chose de juste à s’attendre que le dialecticien trouve<br />

en la réfutation une forme qui lui convient tout spécialement à lui. Mais c’est<br />

444 Ô. Il ne s’agit pas ici de possibilité absolue, car toute matière qui peut<br />

revêtir la forme directe, peut revêtir la forme indirecte, et réciproquement. Mais de<br />

possibilité stratégique, anticipée sur le discernement attendu du répondeur. Pour la<br />

nécessité et <strong>les</strong> moyens d’une stratégie, voir infra, le chapitre <strong>La</strong> Probatoire.<br />

445Top., VIII, 2, 157b34-158a2.<br />

446Ou inversement. Voir Louis-Marie Régis, L’Opinion selon Aristote, 228-232, qui<br />

limite la réduction à la dialectique.<br />

447Berti, 69.<br />

448Ibid., 68.<br />

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