23.06.2013 Views

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

considérablement. On n’a plus deux habitus, dont l’un (Û) est<br />

l’indispensable préalable de l’autre () : on a un choix entre savoir et<br />

ne pas savoir ; le savant peut dire la vérité, mais celui qui ne sait pas, et<br />

justement parce qu’il ne sait pas !, peut juger et condamner celui qui se<br />

présenterait à tort comme savant.<br />

Aristote oppose <strong>les</strong> 'hommes cultivés' à 'ceux qui savent'... <strong>La</strong> généralité de<br />

cette culture a-t-elle donc pour contrepartie sa vacuité ?... <strong>La</strong> fausseté du contenu<br />

finit toujours par se traduire dans un vice de la forme, et c’est de ce vice<br />

que l’homme cultivé, sans rien savoir, peut légitimement juger. 168<br />

Cette interprétation de l’opposition culture (Û) — science (-<br />

), qui joue toute sur l’homonymie 169 de la science, n’est manifestement<br />

168 Ibid., 283 ; c’est moi qui souligne.<br />

169<strong>La</strong> doctrine de l’¡Û tient beaucoup de place dans l’activité dialectique : tout un<br />

instrument lui est consacré, plusieurs lieux en procèdent. Il est cependant peu possible de<br />

traduire ¡Û et ¡˘ dans <strong>des</strong> termes dont le sens français ordinaire ne suggère<br />

pas <strong>des</strong> conceptions incompatib<strong>les</strong> avec <strong>les</strong> notions auxquel<strong>les</strong> Aristote réfère. Il faut décidément<br />

exclure <strong>les</strong> mots français correspondants d’origine latine équivocité et équivoque.<br />

En effet, ce sont en français <strong>les</strong> mots et <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> qui sont équivoques, alors que ce sont<br />

d’abord <strong>les</strong> choses qu’Aristote qualifient d’¡˘. De plus, équivoque a, en français, un<br />

sens si péjoratif qu’il ne peut viser comme son sens principal <strong>les</strong> aequivoca a consilio… Je<br />

traduirai donc par homonyme et homonymie, mais en calquant <strong>les</strong> mots d’Aristote, car dans<br />

ce contexte il ne faut tenir aucun compte du sens français qu’ils ont déjà, très équivoque<br />

justement. En effet, « sont dits homonymes, en français, <strong>des</strong> mots différents, pour autant<br />

qu’ils se prononcent de la même façon, qu’il y ait ou non entre eux <strong>des</strong> différences dans<br />

leur orthographe. Citons en exemple : saint, ceint, sein et seing ; cousin (l’insecte) et cousin<br />

(le parent). Cela n’est pas tout à fait étranger aux ¡˘ définis par Aristote, du fait<br />

qu’on y retrouve grosso modo <strong>les</strong> deux mêmes éléments de définition. Mais ils y sont<br />

tellement déguisés que cette manière de parler, si on voulait s’y référer, ne pourrait<br />

pratiquement qu’engendrer la confusion. D’abord, en effet, dans <strong>les</strong> deux cas, il y a identité<br />

de prononciation ; mais Aristote, pour sa part, ne le mentionne pas, se contentant d’en<br />

indiquer l’effet : on a un seul nom, tandis que l’usage français doit le dire explicitement,<br />

puisqu’il veut voir là <strong>des</strong> mots différents, pour diverses raisons plus ou moins accidentel<strong>les</strong><br />

: étymologie ou graphie différente, etc. Ensuite, dans <strong>les</strong> deux cas, la chose désignée<br />

se définit différemment : cela, Aristote l’exprime explicitement, tandis que l’usage français<br />

croit en avoir assez dit de ce côté, en se disant en face de mots différents… Enfin, en<br />

français, ce sont d’abord <strong>les</strong> mots qui sont homonymes, tandis qu’Aristote parle premièrement<br />

d’êtres homonymes, <strong>les</strong> mots n’étant que par suite appelés tels, pour autant qu’ils<br />

nomment plusieurs êtres ainsi caractérisés comme homonymes. Il y aurait peut-être lieu, à<br />

ce propos, de signaler que la langue française utilise encore homonyme en un sens autre,<br />

61

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!