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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

défendre contre toute attaque. Nous aimerions espérer naïvement, comme<br />

Hippias, qu’en ne concédant que <strong>des</strong> énoncés qui méritent proprement de<br />

l’être, il ne puisse surgir aucun inconvénient contre la position.<br />

Hippias : Je comprends, mon cher, et je vais lui répondre ce que c’est que<br />

le beau, et je ne serai jamais réfuté. Le beau, Socrate, sache-le bien, s’il faut<br />

dire la vérité, c’est une belle jeune fille.<br />

Socrate : Par le chien, Hippias, tu m’as répondu là de belle et eudoxale 519<br />

façon. Ainsi donc, si moi je réponds cela, j’aurai répondu à ce qui est demandé,<br />

j’y aurai répondu correctement et je ne serai pas réfuté ?<br />

Hippias : Comment serais-tu réfuté, Socrate, si tu dis ce qu’il en semble à<br />

tous et que tous tes auditeurs témoignent que tu par<strong>les</strong> correctement ? 520<br />

Mais cette assurance d’Hippias, que nous avons tous plus ou moins au<br />

fond du cœur, est bien illusoire au bout du compte. Aristote propose un diagnostic<br />

plus réaliste de la situation. L’assurance d’Hippias s’enracine dans<br />

une méconnaissance profonde de la nature du bagage endoxal. Hippias réagit<br />

comme quelqu’un qui croit en un lien absolu entre endoxal et vrai : tant qu’on<br />

s’en tiendrait à ce qui est proprement endoxal, il n’y aurait aucun danger<br />

d’aboutir à une contradiction, signe attaché exclusivement à ce qui est faux.<br />

Or, nous l’avons vu plus haut, malgré toute la proportion qui existe entre la<br />

raison et la chose, il n’y a pas un lien aussi étroit entre el<strong>les</strong> : il n’y a pas de<br />

garantie absolue que tout ce que la raison incline spontanément à admettre<br />

soit en tout point conforme à la chose représentée. Par suite, il faut sans doute<br />

accepter l’exigence suivante d’Hippias comme rendant bien compte de la<br />

façon dont s’impose l’endoxal : « Ce qu’on dit correctement, il lui faut bien le<br />

prendre de nous ou, s’il ne le prend pas, sombrer dans le ridicule. » 521 Mais<br />

c’est s’illusionner que d’attendre de cela une garantie de cohérence telle que<br />

le demandeur en perde même toute motivation de s’essayer à réfuter : « Réponds-lui<br />

que ce beau qu’il te demande n’est rien d’autre que l’or ; il sera<br />

519Ãı. Néologisme excessif, sans doute, mais je ne peux rater cette occasion de<br />

souligner comment Platon et Aristote voient le critère d’une bonne réponse de manière<br />

assez parente pour lui donner le même nom. Il n’y a pas à distinguer longuement entre<br />

Ãı et ı !<br />

520Hippias majeur, 287e-388a.<br />

521Ibid., 290a.<br />

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