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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

monter quelque induction ou exemple à l'appui 601. Mais qu’est-ce au juste<br />

qu’objecter ? Car n’importe quelle contre-attaque, n’importe quel argument<br />

contre la proposition ne fait pas pareil pour justifier son refus. On se priverait,<br />

en effet, de nombreuses propositions légitimes, si on devait refuser toutes <strong>les</strong><br />

deman<strong>des</strong> contre <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> existent <strong>des</strong> apories. Ainsi, s’il fallait résoudre <strong>les</strong><br />

difficultés soulevées par Zénon avant d’accepter <strong>les</strong> énoncés parfaitement<br />

endoxaux contre <strong>les</strong>quels il <strong>les</strong> formule, on franchirait à peine le seuil de<br />

l’examen de quoi que ce soit 602.<br />

Pour refuser dignement une proposition universelle nécessaire, surtout<br />

préparée par une induction ou un prosyllogisme, il faut donc apporter une<br />

objection. Ce sera même dans la fonction du demandeur de l’exiger, si le<br />

répondeur ne l’apporte pas spontanément, du moins quand on lui a présenté<br />

une induction 603. Mais qu’est-ce au juste qu’une objection ? Est-ce un énoncé<br />

? un argument ? autre chose ? Difficilement autre chose, puisque ce doit<br />

être rationnel. Difficilement un argument, puisque c’est la fonction du demandeur<br />

de découvrir et de soumettre <strong>les</strong> arguments. Difficilement un simple<br />

énoncé, puisque cela n’équivaudrait alors qu’à refuser la demande sans ambages<br />

— ce qui implique l’énoncé contradictoire — et que, dans le contexte,<br />

Aristote présente l’objection comme complément indispensable à ce refus. Il<br />

reste que c’est un peu de tout cela. Comment ? Essayons de le voir, en<br />

repartant de la fin propre visée par l’objection.<br />

Le répondeur, on le sait, a pour fin de garantir la force de l’offensive<br />

montée contre la position initiale et de certifier la rigueur de l’argument<br />

ordonné à établir le propos opposé. Mais son moyen à cette fin, sa fin plus<br />

prochaine donc, c’est de neutraliser l’attaque autant que cela est possible,<br />

c’est de résoudre l’argument autant que sa faib<strong>les</strong>se y prête. Le répondeur<br />

veut empêcher que le demandeur ne conclue à faux. « On doit résoudre tous<br />

601Ibid., 160b3-5 : « Si donc, alors qu’elle se vérifie manifestement en plusieurs cas, on<br />

n’accorde pas l’universelle, et ce sans tenir d’objection, il est manifeste qu’on fait le<br />

difficile. »<br />

602Voir ibid., 8, 160b5-10.<br />

603Voir Top. VIII, 2, 157a34-37.<br />

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